Formé en 2012 sur le label Deathwish, Code Orange, groupe originaire de Pittsburgh en Pennsylvanie, avait réussi à donner un coup de neuf au genre du punk hardcore en dévoilant un peu de sensibilité entre deux hurlements. Avec leur cinquième album "The Above", les Américains nous offrent un aperçu de l'au-delà.
D'entrée de jeu, Code Orange envoie ses missiles sonores à tête chercheuse. L'auditeur qui découvrirait le groupe appréciera en guise de carte de visite ce 'Never Felt Apart' dans lequel les moments de pure folie côtoient des moments de grâce portés par la voix féminine de la guitariste Reba Meyers. Au moment où on ne s'y attend pas, l'un des chanteurs (le groupe peut compter sur un large panel d'interprètes) se met à hurler et la lourdeur se fait reine, les guitares s'enflamment et la section rythmique serre encore plus l'étau. À l'inverse, 'A Drone Opting Out Of The Hive' ou 'Grooming My Replacement' gardent le cap hardcore de bout en bout. Les moments les plus angoissants ne sont paradoxalement pas ces instants de rage mais ceux où le groupe joue une carte un peu plus tranquille, faussement apaisée ('But A Dream...´). Toutefois, une fois les premières pistes passées, la formule est quelque peu éventée et la surprise fait long feu. Nous préfèrerons ainsi 'Circle Through' qui reste à la lisière et se fait plus mystérieux avec une voix contrôlée qui évite les hurlements attendus (et il faut bien le dire, parfois pénibles).
Code Orange ose toutefois emprunter de nouvelles directions comme sur 'The Mask Of Sanity Slips' dans lequel la rage est bien canalisée à partir d'un canevas grunge ou encore 'Mirror', à grands renforts de violons. Témoin de ce besoin d'équilibre, le groupe a convoqué nul autre que Billy Corgan sur 'Take Shape' pour participer à ce théâtre de la cruauté. Le morceau est efficace et le chanteur des Smashing Pumpkins y apporte une excellente plus-value avec sa voix d'éternel adolescent conjuguée à celle de Jami Morgan. Ce titre vaut à lui seul l'écoute de l'album et l'on regrettera qu'il ne soit pas plus long.
Avec ce cinquième album, Code Orange ne déroge en rien à sa formule de punk hardcore aventureux, brassant le chaud et le froid. Si parfois le groupe abuse quelque peu de sa formule, l'opus tente de nouvelles approches déterminantes pour redonner des couleurs à un genre parfois trop sclérosé.