LANCE LOPEZ: Trouble Is Good (BLUES) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Après le magnifique "Tell The Truth" jumelé à son départ de la rutilante Supersonic Blues Machine, cela faisait cinq ans que nous étions sans nouvelle de Lance Lopez. Alors que le Texan d’adoption a dû régler quelques problèmes d’ordre personnel, le voici enfin de retour avec un "Trouble Is Good" reprenant les mots du leader des droits civiques John Lewis, qui encourageait les gens à avoir de bons ennuis, ceux qui permettent de faire évoluer les choses et bouger les lignes. Adaptant cette déclaration à sa situation, le chanteur-guitariste semble décidé à vider son sac, comme si ce nouvel opus devait lui servir d’exutoire après la période difficile qu’il vient de traverser.

Pour cela, Lance Lopez a décidé de privilégier un format concentré avec seulement trois titres dépassant les quatre minutes et sa colère est prégnante dès ‘Easy To Leave’ qui lance les hostilités en flirtant avec le hard rock. Puissant et rageur, porté par un chant déchiré et une guitare gémissante, ce titre pose les bases de nombreuses pièces lui succédant. En dehors de l’émouvante ballade ‘Uncivil War’, traduisant une grande angoisse et tentant de résoudre un conflit pacifiquement, le reste de la tracklist de ce "Trouble Is Good" a une furieuse tendance à bastonner sévère. L’efficacité de cette collection est sans faille, surtout lorsqu’elle intègre un groove imparable (‘Jam With Me’, ‘Reborn’). Le titre éponyme en est d’ailleurs un parfait exemple avec son gros riff, son refrain accrocheur et son harmonica rutilant.

Les origines southern rock restent évidentes et le maître des lieux rappelle régulièrement que ce n’est pas par hasard si le regretté Jeff Beck avait dit de lui qu’il était "un guitariste de blues excitant et intense". Propulsé par une section rythmique en béton armé, le génie multiplie les soli flamboyants (‘Take A Swing’) et les gros riffs qui tronçonnent tout sur leur passage. Mais si tout cela ne laisse aucune place à la moindre faiblesse, nous nous éloignons également des nuances qui faisaient la richesse de "Tell The Truth". Heureusement que le bien-nommé ‘Slow Down’ lève un peu le pied pour nous laisser reprendre notre souffle. Et puis il y a le mystique ‘Voyager’ qui vient conclure l’ensemble du haut de ses plus de sept minutes. Lancé par une introduction aux couleurs orientales, il laisse ensuite se dérouler son riff tempétueux tout en ne cherchant pas à dissimuler les effluves d’un ‘Kashmir’ qui l’a visiblement inspiré.

Bien que pouvant être considéré comme un sans-faute, "Trouble Is Good" aurait néanmoins mérité un peu plus de teintes pour varier son propos. Son efficacité est cependant imparable et ses effluves de transpiration, de poussière et d’alcools frelatés lui confèrent un charme musclé qui justifiera aisément sa présence parmi les albums qui squatteront vos playlists.

LANCE LOPEZ

TROUBLE IS GOOD

CLEOPATRA RECORDS

BLUES