TREVOR RABIN: Rio (ROCK PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Faut-il encore présenter Trevor Rabin ? L'homme au cœur, bien malgré lui, des années les plus controversées de l'histoire de Yes avec sa participation plus ou moins volontaire aux diversement appréciés "90125", "Talk" mais aussi et surtout "Big Generator" et "Union". Foin de toute polémique stérile et inutile, le guitariste et chanteur est avant tout comptable d'une conséquente écriture de musiques de film (plus d'une quarantaine), mais aussi et surtout d'albums en son nom propre. Et après un nouveau passage en mode Yes avec les compères Wakeman et Anderson au sein d'ARW dont l'aventure s'est terminée sans production de nouvelle musique, Trevor Rabin nous livre un sixième album, "Rio", doté d'un magnifique artwork, une dizaine d'années après un "Jacaranda" totalement instrumental.

L'album s'ouvre avec 'Big Mistakes' puis 'Push', titres qui rappellent immédiatement les heures yessiennes de "Big Generator" pour le premier et "Talk" pour le suivant. Un chant haut perché, une guitare tranchante au traitement très clinique, une basse qui rend un hommage appuyé à Chris Squire, des ribambelles de claviers, des rythmiques syncopées, des chœurs et une mélodie enjouée génératrice d'optimisme nous ramènent 35 à 40 ans en arrière.

D'autres morceaux vont également s'inscrire dans cette veine, porteuses d'un héritage marquant à jamais, mais "Rio" présente bien d'autres aspects. Après un début très oldfieldien, 'Oklahoma' nous emmène dans le grand Ouest américain, avec quelques effluves country et une guitare knopflerienne à souhait. Nous retrouvons une country plus traditionnelle et bien carrée au sein de 'Goodbye', tandis que les amateurs de danse à quatre temps bien carénée pourront se faire plaisir avec le rock bien traditionnel de 'Toxic'. 'Tumbleweed' présente pour sa part un côté solaire et légèrement décalé, à la limite de l'expérimental, qui risque d'être diversement apprécié tandis que 'These Tears' nous offre un instant émotionnel poignant et que 'Egoli ' nous envoie quelques effluves sud-africaines bien rythmées.

Trevor Rabin se fait enfin plaisir au travers de quelques soli bien sentis, qu'ils soient dissonants ('Big Mistakes') ou furieusement techniques ('Thandi', titre inspiré de son Afrique du Sud natale), l'homme nous montre une nouvelle fois combien ses qualités ont été mésestimées, la conséquence encore une fois de son aventure au sein d'un Yes disruptif.

Avec "Rio", Trevor Rabin revient en pleine lumière après une longue carrière passée dans l'ombre des bandes originales de film. Le moment pour tout un chacun de redécouvrir toutes ses qualités au travers d'un album à multiples facettes, passionnant à plus d'un titre.

TREVOR RABIN

RIO

INSIDEOUT MUSIC

ROCK PROGRESSIF