Cela faisait bien neuf ans que Kontrust n'avait pas fait parler de lui. Le groupe autrichien déjanté revient sur le devant de la scène avec un cinquième album, "Madworld". Ce grand retour est marqué par les arrivées de deux nouveaux membres. En effet, la chanteuse historique Agata Jarosz avait tiré sa révérence quelques années après la sortie du précédent album "Explositive", tout comme le batteur Roman Gaisböck.
La nouvelle chanteuse, Julia Ivanova, et le nouveau batteur, Joey Sebald, rejoignent un groupe pas comme les autres, une véritable institution en son genre, adepte de crossover, rassemblant des styles pourtant très éloignés, en particulier un son heavy metal avec lequel se marient avec succès des éléments folk, reggae, pop, indus. Autant le dire, un groupe qui n'a pas froid aux yeux. Pas de grands bouleversements dès les premières minutes. Le chant de Julia Ivanova se montre aussi incisif, puissant et écorché que celui d'Agata Jarosz. La formule à deux chanteurs avec Stefan Lichtenberger est reconduite avec bonheur... et avec rage !
L'auditeur qui suit Kontrust depuis "Suicide Mission" se retrouve en terrain connu. Les morceaux s'enchaînent dans le bruit et dans la fureur sans aucun temps mort. Le feu des guitares de Michael Wolff y côtoie la froideur électronique ('I Can't Control It', 'I Physically Like You’). 'The End' passe par différentes humeurs stylistiques. 'U.F.I.U’ se présente comme un nouveau classique explosif du groupe aux cotés de 'Shut Up'. Pourtant sous le vernis clinquant, les Autrichiens ont glissé une vision du monde assez sévère et pessimiste (le clip de 'The End', 'Rock To Outer Past' qui dresse un bilan déplorable de notre Terre et le besoin d'évoluer ailleurs).
L'album se révèle plus court que les précédents (37 minutes au compteur). Malgré de timides vocalises tyroliennes sur 'Lederhosen Overkill', nous noterons peut-être un peu moins de folie sur cet album, le groupe semble avoir verrouillé l'aspect le plus dément de son inspiration comme en raison de son concept sentencieux.
Bienvenue dans la nef des fous de Kontrust revue et corrigée. Malgré le changement de chanteuse et de batteur, Kontrust se révèle toujours aussi incisif et original, même si les Autrichiens font un peu moins preuve de folie.