ALCONAUT: Endless Skies (STONER) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Peut-être est-ce dû à son origine géographique - la Corse -, mais Alconaut ne sonne pas vraiment comme tous les autres bûcherons enfumés, le poil gras, l'haleine chargée en whisky goudronneux, desquels il se rapproche. Le trio aime montrer les crocs, un peu comme Motörhead ou sa version stoner High On Fire mais une certaine douceur n'est pourtant pas pour lui déplaire. Il débite du gros riff qui tache mais peut s'envoler très haut vers des paradis psychédéliques voire quasi progressifs. Cette ambivalence est en vérité parfaitement résumée par les pochettes de ses albums où le logo du groupe presque calqué sur celui de Sleep s'oppose à des illustrations aux effluves rêveuses, superbes par ailleurs.

Acte de naissance des Corses, "Sand Turns To Tide" n'était pas parfait mais dégorgeait d'un potentiel évident ne demandant qu'à être pressé pour en extraire un disque plus maîtrisé et jouissif encore. C'est chose (bien) faite avec "Endless Skies". Plus de trois années les séparent, c'est dire combien Alconaut a pris son temps pour approfondir le socle édifié. Il a eu raison tant les progrès réalisés depuis 2019 se révèlent impressionnants. Tout en conservant cette patine rugueuse et authentique, le son se fait plus chaleureux, écrin dur et tendre d'un stoner moins brut et davantage biberonné aux années 70, qui trouve sa plus vibrante expression dans le triptyque 'Ascending'. Guitares stratosphériques, basse toute en rondeur, claviers juteux et harmonica ondoyant irriguent ce retable du feu de dieu aux allures de trip embrumé.

Assurément le point G de cette deuxième enclume pour autant jamais avare ni en plomb ni en énergie hargneuse, témoin ce 'Icarus Down' où fait plus qu'affleurer l'influence de Matt Pike (Sleep, High On Fire), éternelle nourricière de Georges Agostini et ses deux potes. Plus orgasmique, un titre comme 'Lost' réussit le syncrétisme entre les deux visages du groupe. Bourru, le chant exhale de tenaces odeurs de Gitane, la rythmique est épaisse mais le solo de guitare qui le perce ainsi que ses relents bluesy lui confèrent une dimension aventureuse.

Par rapport à son prometteur devancier, "Endless Skies" apparaît plus travaillé, explorant de nouveaux chemins. Ce faisant, Alconaut creuse la direction qu'on souhaite lui voir prendre, le cuir certes toujours tanné mais coloré de touches plus psyché sinon progressives. Les Corses transforment non seulement l'essai et s'ouvrent un horizon plus riche et passionnant encore.

ALCONAUT

ENDLESS SKIES

AUTOPRODUCTION

STONER