Deuxième album pour nos jeunes compatriotes de Spheric Universe Experiment qui, avec pareil nom, ne peuvent qu’évoluer dans les sphères du metal progressif.
Après un Mental Torments des plus honnêtes, tous les espoirs sont tournés vers ces Niçois bercés par Dream Theater et Symphony X, du moins s’ils parviennent à se délester d’influences encore trop encombrantes. Malheureusement, Anima est loin d’amorcer l’évolution stylistique escomptée.
Ainsi, si le groupe proposait à ses débuts une musique globalement inspirée par Dream Theater, leur nouvelle offrande voit les Français se contenter de cibler d’avantage leurs influences, qui ratissent désormais du seul coté de la période Train of Thought de la bande à Petrucci. Le ton est logiquement durci pour se faire plus heavy que les habituelles formations de metal progressif. Cette nouvelle facette plus agressive est bienvenue mais ne suffit pas à forger la personnalité qui fait encore défaut aux Niçois pour se démarquer des sommités du milieu.
Fort heureusement, les qualités intrinsèques du quintette, à savoir une virtuosité à toute épreuve et un excellent sens de la mélodie, sont toujours de mises sur cet Anima. En effet, chaque instrumentiste excelle dans son jeu et le chanteur Frank Garcia semble s’être encore amélioré, dorénavant aussi à l’aise sur les parties agressives que celles plus aigues. L’aspect technique des compositions est toujours au premier plan chez SUE, aussi les plans alternatifs claviers/guitares et les incessants changements de rythmes lorgnant vers le jazz sont légion. Néanmoins, on assiste parfois à une surenchère de démonstration qui lassera les fans les plus aguerris.
Si quelques titres faibles sont à déplorer, comme The Inner Quest et son refrain fatigant ou un End of Trauma trop quelconque, l’ensemble est tout de même paré d’excellentes mélodies. Le morceau d’ouverture Sceptic et son refrain dévastateur ou l’entêtant World of Madness sont en cela des modèles du genre. Même la ballade obligatoire, la Vanden Plasienne Questions ou les titres épiques lorgnant avec la dizaine de minutes sont réussis, comme en atteste le remarquable Heal my Pain.
Si la forme est irréprochable, Anima aurait gagné à être plus fantaisiste, ou du moins plus aventureux. Ce qui est d’autant plus dommageable que l’on perçoit chez les membres de SUE une volonté de donner à chacune de leur compo une coloration particulière, comme en témoignent les trois intrumentaux et les différents discours qui jalonnent l’album. Tantôt en français, pour une ambiance sombre assez malsaine sur The Key, tantôt en japonais sur Heal my Pain ou en espagnol, comme pour Neptune’s Revenge qui tisse une ambiance de flibustier éminemment sympathique, ces spoken words sont une excellente trouvaille qui rendent Anima plus hétérogène et tendent à lui conférer sa singularité.
Encore une fois, le travail fournit par les Niçois est exemplaire. Ne lui manque que ce soupçon de folie pour se démarquer de ses pairs.