Quand on écoute Eldritch, les réminiscences de Symphony X ne sont jamais loin. On peut s’en agacer ou s’en réjouir (après tout, ces derniers n’ont rien sorti depuis près de 10 ans), mais dire que les Italiens copient les Américains est un peu trop hâtif, les Toscans ayant quand même leur style très caractéristique, influencé par d’autres groupes tels que Fates Warning ou Queensrÿche.
S'il n’est pas très flatteur d’entamer une revue de leur travail en les comparant à d’autres artistes, il faut reconnaitre que malgré des compositions bien ficelées, des refrains entraînants et une technique de haute volée, Eldritch ne réussit jamais vraiment à convaincre totalement. Pourtant, "Innervoid" n’est pas un mauvais album, loin s’en faut avec quelques titres intéressants dont 'Handful of Sand', très accrocheur qui promet une envolée originale même s'il n’offre rien de très nouveau dans ce que le metal progressif propose déjà ou 'Born on a Cold Ash', sans doute le morceau ayant le plus d'impact, grâce à son magnifique phrasé de sweeping introductif laissant ensuite la place à un riff digne de Fear Factory de très bonne facture. Démarrer un album aussi fort présageait d'une suite prometteuse, mais hélas le rythme s’essouffle au fil du temps et laisse l’auditeur sur sa faim, jusqu’à l’avant-dernier morceau 'Black Bedlam', invitant de manière subtile et émouvante à nous préparer à clore l'album. Les tonalités et harmonies choisies sur ce titre sont en effet tout à fait originales et sortent du lot.
"Innervoid" n'est à l'évidence pas un album mémorable. Eldritch souffre irrémédiablement de la comparaison à une heure où la production musicale bat son plein. Et dans ce contexte, l'auditeur aurait pu espérer un peu plus de prise de risque. Il faut saluer néanmoins la longévité de ce groupe et reconnaître qu’il est de plus en plus difficile de se distinguer dans un genre où les codes sont désormais parfaitement assimilés.