Depuis son premier album “Journey of the Dunadan” (1993), Glass Hammer a toujours été l’émanation de deux hommes, Fred Schendel et Steve Babb. Autour de ce noyau dur, divers chanteurs/euses et musiciens ont gravité sur les vingt-et-un albums studio de leur discographie, le line-up évoluant en fonction de la direction musicale souhaitée par les deux compères.
Mais pour la première fois, le duo devient solo : Fred Schendel n’apparaît en guest que sur un titre, Steve Babb prenant seul les commandes du vaisseau spatial pour explorer une nouvelle galaxie musicale dans ce vingt-deuxième album, "Arise", dont le concept permet de suivre le voyage d’un androïde chargé d’explorer l’univers. Les claviers de Schendel avaient valu à Glass Hammer de nombreuses comparaisons avec Yes et ELP, leur utilisation rappelant le jeu de Rick Wakeman et Keith Emerson. Autant le dire tout de suite, "Arise" n’évoque plus rien de ces deux géants du rock progressif.
Car s’il y a bien des claviers, il s’agit essentiellement de synthétiseurs dont les sons "futuristes" donnent l’atmosphère spatiale collant au concept, très seventies, parfois un brin kitsch. Mais leur présence est presqu’anecdotique face au mur de sons imposant constitué par le trio guitare-basse-batterie. La basse et la batterie notamment effectuent un travail colossal, aidées par un mixage avantageux, insufflant une lourdeur voulue à des titres souvent beaucoup plus proches d’un registre hard rock ou heavy metal que du rock progressif auquel nous avaient habitués les Américains.
L’impression est renforcée par la prestation vocale d’Hannah Pryor dont le chant passant souvent en force se rapproche assez de celui de ses consœurs évoluant dans des groupes de metal à chanteuse. L’auditeur qui pensait trouver un Yes-like se trouve balloté par des titres pêchus mélangeant le space metal prog d’Ayreon au doom de Black Sabbath… en moins bien.
Ne pas vouloir rester associé à une étiquette -quoi de plus normal pour un groupe de rock progressif dont l’ADN l’incite à faire évoluer sa musique- est une intention louable. Encore faut-il le faire bien ! Ici, entre ambiances passéistes, mélodies banales, solos sans âme et jam nombriliste (le très long ‘The Return of Deadalus’ sur lesquels les musiciens prennent beaucoup plus de plaisir que l’auditeur), le compte n’y est pas.
Certes le jeu de la basse, énorme et vrombissante, est intéressant et ‘Arise’ s’avère un bon titre avec sa mélodie psychédélique et hypnotique, mais ce n’est pas suffisant pour sauver l’album de la médiocrité. En s’éloignant de son progressif originel pour flirter avec le heavy metal, Glass Hammer risque de perdre les amateurs du premier sans être sûr d’avoir les moyens de séduire ceux du second.