Qui a dit que le rock progressif était mort ? Jamais on n'a vu autant de nouvelles formations et le "minuscule poisson" dont je vais vous parler est un excellent exemple de ce que peut faire un nouveau quatuor anglais talentueux et bien inspiré dans le domaine du néo-prog.
Le line-up de Tinyfish peut surprendre puisque pour l'enregistrement de ce premier album c'est le même homme qui s'occupe du chant, de la guitare et de la batterie ! Autre particularité surprenante pour une musique classée dans le néo, c'est l'absence de clavier. Point de nappe de synthé, point d'accord plaqué ? Mais alors comment Tinyfish fait pour sonner néo ? C'est du coté de l'harmonie des deux guitares qu'il faut chercher la réponse à cette question, et un synthé sur l'une des deux permet d'obtenir des sonorités trompeuses.
Avec 'Motorville', l'album démarre sur un titre à forte coloration Spock's Beard où même le chant n'est pas sans rappeler un certain Neal Morse ! Cette excellente entrée en matière se prolonge sur une composition moins percutante (Fly like a bird) avec des petits relents de pop-folk à l'américaine qui vous entre directement dans la tête pour ne plus vous quitter. Le jeu des guitares y est dangereusement mielleux et envoûtant.
Je ne vais pas vous détailler chaque titre séparément, mais sachez qu'il n'y a rien à jeter dans cet album. j'ai aimé le groove de 'Too high for low company' qui m'a fait songer à Proto Kaw. La pièce la plus longue, 'All hands lost', qui dure plus de 12 minutes est un pur moment de bravoure progressive où l'on pourra entendre du Salem Hill, du Neal Morse et bien d'autre choses encore. On se demande comment les musiciens arrivent à sortir des sons aussi variés avec le peu d'instruments déclarés dans le livret.
Je citerai pour finir une chanson surprenante, très courte (1'56), très pop, où l'on entend du violon (?), une sorte de composition à la Lennon/McCartney dont on ne comprend pas, qu'avec un tel thème, Tinyfish n'en ait pas fait un titre majeur. Et enfin un autre morceau court, 'God eat God' qui traite en 3'12 le thème effrayant des enfants-bombes qui vont se suicider dans la foule poussés par des adultes manipulateurs.
Voila donc un premier album très prometteur et un groupe qui devrait être passionnant en live. Ce petit poisson devrait progressivement devenir très grand si il trouve le bon courant dans cet océan de la musique où beaucoup ont perdu leur âme.