Soul Claim est un duo qui a évolué au cours de ces dernières années. Fondé en 2019, le groupe a connu un changement de line-up avec l'intégration dans le projet de Francesca Luce qui a succédé à Elsa présente depuis la création. Le groupe creuse le sillon d'un rock réduit à son plus simple appareil, direct, festif et sans aucun artifice, nourri par l'expérience acquise par Thomas au sein de ses précédents groupes de metal et metal progressif et par la présence de la nouvelle chanteuse. Cette couleur se ressent dans la production qui sonne très garage, authentique et sincère dans la démarche mais aussi dans les compositions elles-mêmes.
A l'origine album évoquant le diable qui se cacherait dans ce qui nous entoure, le concept a légèrement évolué pour évoquer les obstacles qui empêchent de vivre pleinement les évènements. Il faut dire que la Covid qui a chamboulé pas mal les esprits a peut-être conduit le groupe à voir plus largement son sujet. Cet aspect concept, souvent corrélé à tort ou à raison au progressif, se retrouve musicalement dans ce "Some Say I Am The Devil" et dans l'interprétation de Francesca qui s'amuse avec ses lignes vocales, notamment dans le titre éponyme ou sur 'Water Dance'. Le fait de théâtraliser ses interventions apporte un relief supplémentaire à cet album qui s'avère assez dense avec 13 titres pour 46 minutes. Ce choix désormais plutôt risqué dans une industrie qui a pour standard d'offrir de plus en plus d'albums concis est ici à saluer car le groupe sait varier les plaisirs. On se retrouve presque parfois dans une ambiance cabaret qui arrive à surprendre ('The Door') ou bien à Hawaï avec le début de 'Cry' au ukulélé.
La base est blues rock avec parfois quelques notes métalliques de guitare ('Bam Bam Bam', le beau solo mid tempo de 'Some Say I Am The Devil'), soubresauts du passé du guitariste ('Scars' et son atmosphère parfois symphonique qui aurait mérité d'être un peu plus poussée pour lui apporter un surplus épique, le clavier étant un peu trop sous-mixé). Les notes de piano apportent aussi un élément de légèreté qui permet de parsemer l'album de moments plus apaisés ('Hallelujah'). Quasiment toutes les chansons sont en anglais, choix sans doute naturel, mais attention à l'accent qu'il faudra perfectionner à l'avenir si cette orientation est maintenue, surtout pour la voix masculine - même si ce défaut est peu perceptible, les voix se mélangeant le plus souvent.
"Some Say I Am The Devil" est un premier album agréable à écouter par sa variété, ses choix parfois audacieux, son énergie et sa démarche sincère. Avec des idées un peu plus canalisées et une production plus ample, nul doute que le duo Soul Claim va faire des ravages pourvu que le diable ne l'empêche pas d'évoluer. Qu'on se rassure, le groupe est armé pour lever tous les obstacles et nous faire partager joyeusement sa musique.