Bloodywood est le projet audacieux issu du cerveau dérangé de Karan Katiyar qui mélange habilement le metal moderne, le néo-metal avec des éléments de musique traditionnelle indienne. Déjà responsable en 2017 d’un album, "Anti-Pop vol.1", de reprises de titres pop à la sauce metal, la recette prend si bien que le groupe est notamment invité à se produire au fameux Wacken Open Air en 2019. L’étape suivante a été l’écriture d’un album de titres inédits, "Rakshak".
Pour mener à bien ce projet, Karan Katiyar - le guitariste et flûtiste - s’est notamment entouré de Jayan Bhadula en charge du chant indien et guttural, du rappeur Raoul Kerr (Mike Shinoda de Linkin Park n’est parfois pas très loin), d’une section rythmique composée de Roshan Roy à la basse et Vishesh Singh à la batterie et enfin de Sarthak Phawa au dohol (tambour traditionnel).
Bloodywood nous invite à un festin sonore où la délicatesse d'une flûte indienne se mêle aux flows transcendantaux du rap, chants gutturaux impitoyables, riffs lourds et mélodies envoûtantes venues tout droit de l'Hindoustan. Les paroles, aussi bien chantées en hindi/punjabi qu'en anglais, nous sortent de notre zone de confort : "Rakshak", c’est comme déguster un apple pie au curry pendant un concert de metal !
Les premières notes de 'Gaddaar' qui ouvre l’album avec des sonorités folkloriques indiennes nous plongent directement dans les rues de New Delhi, mais très rapidement le groupe dévoile son improbable recette mêlant musiques traditionnelles indiennes et inspirations Heavy Metal. Dans un registre similaire, l’explosif 'Machi Bhasad' ne laisse aucun répit avec ses guitares cinglantes, le dhol frénétique et les deux chanteurs en plein délire. C'est comme si l’éléphant de la pochette s’invitait dans un magasin de porcelaine !
Au rayon des titres marquants se trouve 'Aaj' qui débute calmement avec une flûte indienne pour soudainement être emporté par des guitares rugissantes et un phrasé rap, entraînant l’auditeur dans une danse tourbillonnante que même Bollywood n'aurait pu imaginer. Enfin, impossible de ne pas citer 'Dana-Dan' au relent djent dont le riff syncopé typique est décliné en chant dans le refrain, ce qui ne manquera pas de faire sourire tout fan du genre qui s’est essayé à cet exercice.
Bloodywood s'inscrit quelque part entre la folie créative de groupes comme Skindred ou Dirty Shirt et la grandeur épique de The Hu pour créer un son unique. Dans cet esprit, Bloodywood apporte sa propre touche en fusionnant le metal avec la musique traditionnelle indienne, créant ainsi une expérience musicale hors du commun.