Il en est des albums de Noël comme des choux de Bruxelles, des films de David Lynch ou de la nouvelle coupe de cheveux de tata Simone, on adore ou on déteste. Ils sont le prétexte à une ressassée de chansons tellement éculées qu'il est difficile d'en tirer un quelconque plaisir. Mais quand Tarja Turunen s'attaque à l'exercice, notre curiosité est piquée tant la touche-à-tout du metal symphonique a tendance à transformer tout ce qu'elle touche en or.
"Dark Christmas" porte bien son nom car l'approche est sombre et froide, une tendance inhabituelle sur l'exercice, nonobstant le contexte hivernal propice aux ambiances glaciales. A commencer par le titre inaugural 'The First Noel' qui, malgré des paroles et une mélodie convenues, installe d'entrée une ambiance de film d'épouvante. Même ambiance sur une majorité de morceaux, dont l'éponyme 'Dark Christmas' où Tarja, tout en retenue, nous fait encore une fois admirer sa voix magique et envoûtante, drapée de noir, telle une prêtresse de l'hiver.
Les orchestrations semblent sorties d'une peinture hivernale avec ses paysages enneigés que des violons langoureux enveloppent d'une ambiance mélancolique, comme sur l'inquiétant 'Frosty The Snowman'. Les chœurs d'enfants eux-mêmes ne suffisent pas à égayer l'atmosphère sur 'Jingle Bells Rock' aux arrangements symphoniques, et plus encore sur 'Rudolph The Red-Nosed Reindeer' dont la douceur le dispute à l'atmosphère sombre et glaciale.
Tous les standards de Noël les plus connus sont repris sur cet album, de 'Jingle Bells' à l'exaspérant 'All I Want For Christmas Is You' de Mariah Carey, pour une fois intéressant, en passant par le 'Last Christmas' de Wham! ou l'éternel 'O Holy Night' remanié de façon originale avec son final d'opéra époustouflant.
Tarja a pris une voie risquée en choisissant une orientation froide et sombre sur des chants de Noël abordés avec mélancolie et noirceur. Le défi est tout de même relevé avec brio puisque même les standards les plus universels apparaissent soudain sous un jour nouveau et captivant. On aurait aimé encore un peu plus de noirceur sur certains mais Tarja ne joue pas sur la corde agressive sur cet exercice et son chant sans faille est juste parfait dans l'exercice. Un album à mettre au pied du sapin et à écouter le soir même, mais quand les enfants sont couchés pour éviter les pleurs et les cauchemars.