THE STRUTS: Strange Days (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Comment continuer à communiquer la fraîcheur qui vous caractérise lorsque vous êtes confinés ? Voilà l’épineux problème face auquel se retrouvent confrontés The Struts en cette année 2020. Après deux excellents albums, les Britanniques doivent désormais confirmer avec le fameux album charnière, celui de tous les dangers mais qui peut également vous installer sur les sommets. Néanmoins, il faudrait plus que quatre murs pour contenir l’énergie communicative de la bande de Luke Spiller. Le quatuor de Derby réussit à s’enfermer en studio pour y enregistrer son nouvel opus en seulement dix jours. Et pour valider son coup, il s’entoure d’une brochette d’invités qui semblent l’adouber et confirmer la place incontournable qu’il est en train de prendre au sein du monde du rock en provenance de Grande-Bretagne.

Mais un carnet de pointures du genre n’est pas forcément une garantie de qualité du produit. Certains puristes ont d’ailleurs dû tiquer en voyant le nom de Robbie Williams se joindre au single et titre éponyme ouvrant les réjouissances. Pourtant, bien qu’il soit surprenant d’entamer un album de rock avec une douceur popisante, celle-ci se révèle rapidement hyper attachante avec un refrain imparable, point récurrent tout au long des dix pépites composant ce "Strange Days". Les paroles traduisent un grand optimisme malgré la période déconcertante traversée dont traitent ces morceaux. La suite confirme que The Struts n’ont pas leur pareil pour transmettre une positivité rafraîchissante quelle que soit la situation. La recette reste la même que sur "Everybody Wants" ou "Young & Dangerous" et pourtant, l’effet est toujours aussi immédiat et l’efficacité aussi implacable.

Aucune baisse de régime n’est à déplorer et même la reprise du ‘Do You Love Me’ de Kiss bénéficie d’une version à l’équilibre parfait entre respect et appropriation. Nous retrouvons les influences des Rolling Stones au travers d’un riff semblant tout droit sorti de la six-cordes de Keith Richards (‘Cool’) ou d’une ballade bluesy enfumée (‘Burn It Down’). Les racines glam sont également évidentes au détour de la tornade ‘All Dressed Up (And Nowhere To Go)’ ou du non moins irrésistible ‘I Hate How Much I Want You’ sur lequel Joe Elliott et Phil Collen (Def Leppard) viennent s’investir sans réserve. Mais tout cela se mêle au sein d’une identité propre à The Struts, qui y rajoutent une touche théâtrale à la Queen (‘Am I Talking To The Champagne (Or Talking To You)’) ou invitent Tom Morello pour renforcer le caractère heavy d’un ‘Wild Child’ reptilien. Il est ici impossible de ne pas se laisser emporter par le torrent d’énergie positive et par la cascade de refrains qui s’insèrent rapidement dans les neurones pour ne plus en sortir.

Malgré la pandémie, The Struts transforment ainsi leur statut d’espoir en celui de phénomène appelé à s’installer durablement sur les sommets d’un rock pour lequel les frontières du Royaume-Uni sont bien trop étroites. "Strange Days" est le véritable antidote que le monde cherchait contre l’épidémie. Plongez-vous vite dans cet opus et vous vous sentirez immédiatement mieux, bien que le risque d’addiction soit réel.

THE STRUTS

STRANGE DAYS

INTERSCOPE RECORDS

ROCK