THE STRUTS: Pretty Vicious (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Quels mots va-t-il encore être possible de trouver pour présenter un nouvel opus de The Struts alors que le quatuor de Derby a déjà réussi à imposer son style en seulement trois albums ? C’est la question qui se pose avant l’écoute de "Pretty Vicious" qui débarque sur nos platines pour succéder à la tornade d’énergie et de fraîcheur qu’avait pu représenter "Strange Days". Depuis bientôt dix ans, le gang mené par Luke Spiller et Adam Slack a gravé sa marque, s’inspirant des plus grands noms du rock britannique pour proposer une potion revivifiante et symbolisant l’avenir de ce genre musical. Autant dire que les amateurs se retrouvent tiraillés entre la curiosité de savoir si cette formule aura encore les capacités de se renouveler et d’innover, et le désir secret de ne pas voir changer une recette porteuse d’autant de bonheurs auditifs.

Et aussi improbable que cela puisse paraître, The Struts réussissent à répondre à ces deux attentes en même temps. Il y a tout d’abord le côté rassurant de retrouver tous les marqueurs qui font que la musique des Anglais procure autant de bien-être. Ainsi, comme d’habitude, il est amusant de repérer les ombres aussi discrètes qu’incontournables des grandes influences du groupe. Une tornade rock-glam à la Queen par-ci (‘Rockstar’), un riff rappelant les Rolling Stones par-là (‘Remember The Name’) et les bases restent solides. Tout cela se retrouve une nouvelle fois parfaitement uni au sein de l’imparable single ‘Too Good At Raising Hell’ qui ouvre les festivités avec l’aide discrète d’une section de cuivres. Mais au milieu de cet enchaînement de titres aussi bien pop, rock ou glam et toujours dotés de refrains qui s’ancrent dans vos neurones plus vite qu’il ne faut pour le dire, quelques évolutions font leur apparition et viennent enrichir un procédé toujours aussi enthousiasmant.

Nous pouvons ainsi constater que plus de place a été laissée aux soli d’un Adam Slack qui ne s’en prive pas pour rappeler qu’il est loin d’être un manchot (‘Do What You Want’, ‘Remember The Name’, ‘Gimme Some Blood’). Il y a également ces apports de cuivres que nous avons évoqués pour le titre d’ouverture mais que nous retrouvons régulièrement et qui trouvent leur apogée sur ‘Better Love’ avec son solo de saxophone. Enfin, les ballades prennent ici une place plus importante qu’à l’accoutumée et se retrouvent au nombre de trois. Particulièrement réussies, elles sont également de nouvelles démonstrations du talent de conteur d’un Luke Spiller se montrant aussi bien envoûtant (‘Hands On Me’) que mélancolique (‘Bad Decisions’) ou profondément poignant (‘Somebody Someday’, véritable confession à l’attention des fans).

Album de la maturité, "Pretty Vicious" confirme que The Struts sont amenés à régner sans partage sur les sommets du rock, et en particulier sur sa partie la plus festive. Comme ses principales influences, le quatuor a été capable de se forger une identité reconnaissable dès les premiers accords, tout en étant capable d’évoluer et se remettre en question. Voici un navire de la couronne britannique qui ressemble de plus en plus à un vaisseau amiral, dont chacune des prochaines parutions sera attendue avec fébrilité et empressement.

THE STRUTS

PRETTY VICIOUS

UNIVERSAL

ROCK