HEALTH: Rat Wars (ROCK ALTERNATIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

L'indus, ce n'est pas que du bruit et des chanteurs qui hurlent, et les Californiens de Health l'ont bien compris. Pourtant bruitistes à l'origine, les Américains ont apporté des ambiances éthérées et introspectives à leurs sonorités dures et martiales. Réduit à un trio suite au départ de Jupiter Keyes après la sortie de son troisième album "Death Magic", Health semble se satisfaire de cette formule comme l'a prouvé "Vol.4 : Slaves Of Fear".

Ce cinquième album, "Rat Wars", démarre sur les mêmes bases que son prédécesseur. 'Demigods' introduit une ambiance atmosphérique faussement calme qui suit son cours malgré les guitares en feu et la section rythmique survitaminée. L'auditeur néophyte découvre ici le chant de Jake Duzsik, une voix androgyne, dont les intonations pourraient trouver comme point de comparaison celle de quelqu'un qui est à bout de force et est sur le point de se noyer (une analogie flagrante sur '(Of All Else)'). La voix apporte ici un peu d'introspection et de nostalgie à un univers en flammes.

Car ne l'oublions pas, Health apprécie les ambiances sulfureuses et martiales avec des guitares tranchantes comme sur 'Crack Metal' ou 'Future Of Hell'. Le groupe, qui a récemment collaboré avec Nine Inch Nails (une influence que l'on peut retrouver sur 'DSM-V'), a convié Sierra sur 'Hateful', qui met en avant des beats electro darkwave mais également Willie Adler, le guitariste de Lamb Of God sur 'Children Of Sorrow', pour un résultat plus metallique. Il y a également une invitation cachée avec un sample du 'Like Rats' de Godflesh sur 'Sicko', mais cet ajout est répété tout au long du morceau ad nauseam.

Ce qui étonne, c'est que malgré la lourdeur, Health tente et réussit des incursions dans des univers diamétralement opposés. Ceci est d'ailleurs très remarquable sur la ballade 'Unloved' qui rappelle parfois Depeche Mode ou encore sur 'Ashamed', avec son chant plus proche de la pop. Les deux morceaux évanescents dont le titre est entre parenthèses s'orientent vers une dimension cinématographique, en particulier sur '(Of All Else)', mais auraient mérité un meilleur traitement sur la longueur. C'est d'ailleurs dans un esprit apaisé que le groupe américain conclut son album, 'Don't Try' invitant à l'introspection et à la réflexion après ces instants de lourdeur. La voix finit même par être submergée par la musique...

Health continue de développer des sonorités indus mariées à des aspects plus calmes, éthérés et languissants grâce notamment au chant exsangue mais pourtant émouvant de son chanteur. Cet album peut constituer une bonne porte d'entrée dans le monde de bruit et de douceur des Californiens. Les amateurs d'indus et les curieux seront surpris.

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