IHSAHN: Ihsahn (METAL PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Dire que ce huitième album solo d’Ihsahn s’est fait attendre est un euphémisme. Le Norvégien a eu beau nous faire patienter avec des EP d’excellente qualité, six ans se sont écoulés depuis "Amr", sans que la raison d’une si longue attente ne soit réellement expliquée aux fans, impatients de voir enfin le retour sur le devant de la scène d’un des artistes les plus créatifs de la scène metal. L’écoute de ce nouvel album, simplement intitulé "Ihsahn", est une réponse implacable à leurs interrogations, car le pape du black metal revient en force avec le concept album le plus ambitieux de sa longue carrière, tous projets confondus.

Fidèle à son parti pris esthétique, Ihsahn poursuit son exploration d’un metal enrichi de sonorités a priori extérieures au genre. Après le saxophone sur "After", le Moog sur "Arktis" et les synthétiseurs sur "Amr", c’est au tour d’un orchestre symphonique entier de venir compléter la palette musicale de Vegard Sverre Tveitan. Mais cette fois, le cahier des charges est très différent, car le Norvégien a d’abord composé pour orchestre avant de décliner les titres en une dizaine de pépites metal, toutes plus intéressantes les unes que les autres.

Ce nouvel album sort donc en deux versions différentes : l’une purement instrumentale et uniquement symphonique, et l’autre clairement metal et progressive. Si la première s’écoute comme la bande originale d’un film à grand spectacle et n’a d’intérêt que de démontrer à quel point Ihsahn, tout autodidacte qu’il est, n’a rien à envier aux plus grands compositeurs du cinéma, la seconde, en revanche, est une claque monumentale pour tout amateur de metal épique et symphonique, débarrassé pour une fois de tous les clichés du genre.

Bien installée sur un socle black metal que le fondateur d’Emperor ne reniera jamais (‘Pilgrimage To Oblivion’, ‘The Promethean Spark’), la musique d’Ihsahn prend une ampleur particulièrement majestueuse lorsqu’elle est supportée par la puissance d’un orchestre. Comme à son habitude, le Norvégien souffle le chaud et le froid, alterne les titres aux ambiances inquiétantes (‘Blood Trails To Love’), les couplets sombres en chant saturé, les refrains lumineux en chant clair et les mélodies grandioses (‘A Taste Of The Ambrosia’). Mais c’est surtout l’aspect le plus progressif de sa musique qui est particulièrement mis en valeur par l’apport des arrangements orchestraux, à l’instar des titres ‘Hubris And Blue Devils’ et ‘At The Heart Of All Things Broken’, véritables bijoux d’intelligence et de puissance symphonique.

Avec ce nouvel album, Ihsahn démontre une fois de plus toute l’étendue de son talent. Un talent qui ne fait aucun compromis aux modes et aux tendances actuelles. Moins accessible que son prédécesseur, "Ihsahn" révèle son génie après plusieurs écoutes attentives du début à la fin. Cet album a demandé trois ans de travail à son auteur et le jeu en valait vraiment la chandelle, car au-delà du défi que représente une telle entreprise, il est révélateur de ce que les grands artistes sont capables de faire lorsqu’ils gardent pleinement leur liberté artistique et ne sacrifient pas leur créativité sur l’autel d’un conformisme stérile.

IHSAHN

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CANDLELIGHT RECORDS

METAL PROGRESSIF