L’omniprésence d‘Alessandro Del Vecchio dans les opus proposés par le label italien Frontiers ces dernières années pourrait fort bien avoir généré une forme de trop-plein chez les amateurs de hard mélo. Dommage collatéral majeur, ce possible ras-le-bol pourrait conduire ce "Return Me To Light", l’associant sous le nom de Soledriver à Michael Sweet, la voix de Stryper, à passer inaperçu. Cette conséquence serait-elle réellement dommageable ?
Le groupe du frontman/guitariste américain s’éloigne ici des inspirations metal auxquelles il nous a habitués. Tout en reconnaissant sa passion pour les sons musclés, ce roi du white metal n’oublie pas de préciser que ce qui le guide reste la mélodie qui touche le cœur et l’âme. Sweet et Del Vecchio ont donc choisi une orientation AOR pour se lancer dans cette nouvelle bataille où il sera déterminant de cajoler le mélomane caché derrière le masque de chaque hard rocker lambda, en empruntant à Foreigner, Journey et Survivor. L’amitié durable qui unit les deux hommes est suffisamment sincère pour que Sweet ait laissé à la mascotte de Frontiers le soin de s’occuper de toutes les cordes. Il se contente de pousser la ritournelle en adaptant parfaitement sa voix au hard rock US proposé ici.
Les onze titres de "Return Me To Light" se consomment avec gourmandise, comme on vide un paquet de bonbons. Il n’y a guère d'originalité dans ce produit de consommation courante (peut-être le le piano débutant 'Out Of The Dark' qui rappelle Supertramp), mais on peut néanmoins miser sur son efficacité. Dans le style FM rétro/west coast musclé, quelques pépites méritent plus particulièrement le détour : 'Soul Inside' notamment, grâce à son refrain lumineux, comme le fort Survivor 'Eternal Flame', mid-tempo digne d’une bande-son des 80’s et 'Rise Again' qui fleure bon le Journey d’antan.
Soledriver, le nouveau binôme de l'écurie Frontiers, accouche d’un opus qui permettra aux hard mélo men de passer un agréable moment où les mélodies réussies font corps avec des guitares suffisamment influentes pour satisfaire ceux qui reprochent à l’AOR sa mollesse atavique. Il ne restera probablement pas dans les mémoires, mais tâchons de ne pas bouder notre plaisir, même s’il est fugitif.