LIONHEART (UK): The Grace Of A Dragonfly (A.O.R.) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Peu de groupes peuvent se targuer d’avoir survécu à un no man’s land de trente-trois ans. C’est pourtant la performance pouvant être mise au crédit de Lionheart, vestige britannique de la fameuse NWOBHM des 80’s. De ce fait, la renaissance miraculeuse de ce phénix en 2017 pouvait laisser dubitatif quant à sa longévité. Mais sept ans plus tard, ce sont bien deux opus supplémentaires qui garnissent la discographie des Anglais. Le dernier en date vient de sortir et porte un nom empli de légèreté : "The Grace Of A Dragonfly".

Chaque musicien est resté fidèle à la petite troupe alignée sur l’attachant "The Reality Of Miracles", mais ils ont fréquenté des combos bien plus renommés que leur association actuelle (Iron Maiden, MSG, UFO et Phenomena entre autres). Voilà qui permet d’envisager avec une relative sérénité le niveau de la prestation pouvant être délivrée, mais peut laisser interrogatif sur le style proposé. Pour ceux ignorant jusque-là l’existence de Lionheart, il est donc utile de préciser que ces sujets de sa Majesté jouent dans la cour du hard rock mélodique tendance A.O.R.

Les Londoniens pourraient en fait représenter un pont entre Phenomena et Praying Mantis. Les phrasés mélodiques et les gimmicks d'ambiance coutumiers chez ces deux compatriotes collent à la peau de cette production pouvant être qualifiée, à tort, de concept album tant le sujet des luttes armées y est réitéré. Mais à croire ses géniteurs, ce n’est pas le cas : "The Grace Of A Dragonfly" est un pamphlet anti-conflits érigé à la mémoire des sacrifiés des champs de bataille, et notamment ceux de 39-45. Mais l'opus n’a rien de conceptuel, la guerre y est simplement un thème récurrent.

'V Is For Victory' fait référence au signe de victoire dont Winston Churchill avait fait son emblème, 'The Eagle’s Nest' évoque une des résidences hitlériennes dans les Alpes bavaroises, et dans 'UXB' (unexploded bomb) il est question de ces bombes lâchées mais n’ayant pas explosé en touchant le sol et donc toujours dangereuses. De son côté, 'This is a Woman’s War' met en lumière le rôle important que les femmes ont joué durant la seconde guerre mondiale, et 'Flight 19' nous remémore l’histoire de cette escadrille de bombardiers ayant disparu corps et biens dans le triangle des Bermudes en 1945. Tous les titres, parsemés de tourbillons de chœurs, diffusent un sentiment de douceur, une émotion palpable. Les harmonies incessantes déversées par les twin guitars font quant à elles merveille. Leur omniprésence et leur sensibilité à fleur de peau caractérisent les travaux des Britanniques.

Avec "The Grace Of A Dragonfly", Lionheart nous propose moult plaisirs apaisants grâce à ses mélodies caressantes et ses ambiances poignantes. Telle la libellule de la pochette survolant les Spitfire dont elle était le surnom, l’âme de l’auditeur s’élève au-dessus des scènes guerrières, en quête de spiritualité. Cet insecte, symbole d'évolution, représente parfaitement l'idée maîtresse guidant cette œuvre : transmettre espoir et optimisme.

LIONHEART (UK)

THE GRACE OF A DRAGONFLY

METALVILLE

A.O.R.