Il aura fallu huit ans à Advent Horizon pour donner un successeur à “Stage Hound”, et trois années de travail pour créer son dernier-né, “A Cell to Call Home”. Un concept-album sur le thème de l’amour, la dépendance et la perte, masterisé par Jens Borgen (Opeth, Haken, Leprous…) et qui montre un changement d’orientation. Alors que les Américains étaient jusque-là partisans d’un progressif plutôt tranchant affilié à Rush ou plus lointainement à Led Zeppelin, ici ils prennent un virage plus symphonique avec une présence renforcée des claviers.
Et cet album fait clairement partie des bonnes surprises de l’année : si quelques titres (‘Rain on Open Water’, ‘Your Flaws’) restent dans une volonté plutôt mainstream, l’ensemble de l’opus montre une facture progressive très agréable parcourue par nombre d’influences très bien assimilées : il y a du Haken dans le morceau d’ouverture, ‘Calling it of’ s’aventure du côté de Dream Theater (avec un Jordan Rudess au clavier) ou du “Pepper’s Ghost” d’Arena, ‘Maybe’ fait brièvement penser au ‘Dust in the Wind’ de Kansas, et ‘Truth’ n’est pas si loin de Saga dans son utilisation des guitares. Que du beau monde.
L’aspect mélodique est constamment présent (‘Hold Me’, idéalement placé en fin d’album comme un bon dessert après un repas agréable), ce qui donne des pièces très accessibles, instaurant une belle variété. Advent Horizon se permet même un clin d’œil à l’indus dans le lourd ‘Control’ avec un inquiétant solo de sax qui montre une autre facette du groupe. Le highlight de l’album est indéniablement le morceau-titre qui offre avec ses 10 minutes une structure typiquement progressive avec un solo de guitare remarquable.
Rylee McDonald délivre au chant une prestation plus qu’honorable, montrant une belle étendue vocale et une interprétation sans faille, tandis que son compère de toujours Mike Lofgreen assure derrière ses fûts une dynamique impeccable (utilisation assez complexe de la double pédale, pour les amateurs). La variété s’installe jusque dans le chant, Kristen McDonald intervenant par touches (‘Truth’, ‘Your Flaws’) de façon tout à fait pertinente.
Joli cadeau de fin d’année de la part de Advent Horizon, “A Cell to Call Home” est un album sans réelle faille, bien pensé et bien réalisé. Même s'il ne révolutionne pas le monde du progressif, il serait dommage de s’en priver.