Le nouveau venu sur la scène djent-prog s’appelle TEMIC et va faire grand bruit avec son album inaugural. En effet, premier album n'est pas forcément synonyme de coup d’essai, “Terror Management Theory” ayant la maturité d’un groupe aguerri. Et pour cause, les membres qui le composent ont fait leurs armes dans des formations aussi prestigieuses que Devin Townsend et Haken pour le claviériste Diego Tejeida, Neal Morse Band et Shattered Fortress pour le guitariste Eric Gillette, Shining et Arketype pour le batteur Simon Sandnes, Maraton et 22 pour le chanteur Fredrik Klemp.
C’est bien beau d’avoir un CV flatteur, mais encore faut-il que l’ensemble soit homogène et surtout intéressant. Pari réussi tant les musiciens ont pris le meilleur de chaque genre, en ont extrait l'essence et l'ont remis au goût du jour. Les fans de metal progressif (Dream Theater, Pain of Salvation) ne seront pas perdus, ni les adeptes de djent (Periphery, TesseracT, Meshuggah), le groupe surfant à la jonction des genres, toujours en équilibre.
Le thème central abordé dans “Terror Management Theory” est avant tout psychologique puisqu’il traite d’un sujet majeur : la gestion de la peur. Les psychologues experts avancent que la conscience du caractère inéluctable de la mort incite en général les êtres humains à se protéger et à adhérer à des croyances rassurantes. Cela permet aussi d’expliquer les réactions parfois violentes de ceux qui ne supportent pas de voir leurs croyances bousculées. Notre violence apparente ne trahirait elle donc pas simplement notre peur profonde ? TEMIC propose des éléments de réponses.
En parlant de violence, le morceau ‘Acts of Violence’ est un bel oxymore avec son début tout en douceur malgré un titre qui augurait d’une certaine brutalité, avant d'exploser de la plus belle manière au bout de 2:40. L’outro ‘Mothallah’ est d’une telle beauté qu’il mériterait une chronique à elle seule. Outre le clin d’œil à Dream Theater qui saute aux oreilles, la référence à l’étoile Mothallah nous rappelle que nous avons la force en chacun de nous pour surmonter l’adversité de la vie et surtout cette peur de la mort, centrale dans la théorie de la gestion de la peur. TEMIC donne ici un message d’espoir à l’humanité : si la vie est un mystère avec son lot de challenges internes (mental/pensées) et externes (environnement/entourage) auxquels il faut faire face, nous avons toutes les ressources nécessaires en nous pour y arriver.
TEMIC nous offre avec "Terror Management Theory" un ensemble puissant et original. Malgré une complexité rythmique et de nombreux exploits techniques, les morceaux semblent être exécutés sans force, voire sans effort et s'ingèrent avec facilité. Un premier album impressionnant qu'il serait dommage d'ignorer.