En 1982, pleine effervescence du Hard FM, Night Ranger sortait "Dawn Patrol" et commençait alors une ascension digne des plus grands représentants de Hair-Metal du moment, tout en se démarquant de ses congénaires grâce à un style très rock'n'roll, très yankee. Vinrent les années 90, annonciatrices de traversée du désert et ne laissant aux fans que les miettes d'un style en perdition, marquées par un nombre de compiles incalculables et à l'odeur de sapin. En 1998, Night Ranger sort de sa léthargie avec l'honorable "Seven" mais y replonge profondément pour - croit-on alors - ne jamais en ressortir. C'était mal connaître les gardes forestiers du rock qui après presque dix ans de silence radio sortent un "Hole In The Sun" bien ravigotant ! Coté line-up, bonne surprise car les meubles n'ont pas bougé, ou presque. La seule modification étant le remplacement aux claviers d'Alan Fitzgerald par le musicien-producteur Michael Lardie. Coté production et compos par contre, rien a voir avec les débuts. Le virage amorcé par "Neverland" ne fait ici que se confirmer.
Le son a donc été globalement actualisé et sonne plus heavy, comme en témoignent le premier titre "Tell Your Vision"ou l'energique "Wrap It Up". La tonalité d'ensemble est bien pêchue mais aussi variée. Le refrain de "Dramma Queen" ou les choeurs festifs du titre éponyme "Hole In The Sun" feraient presque penser aux accents hard punk des Backyard Babies. Mais il y a aussi du Mr Big dans "Fool In Me" par exemple, qui propose un folk acoustique rafraichissant en milieu d'album. Il y a aussi du vintage dans "Rock Star" qui sonne tres 90' à la manière des efforts solos de Paul Gilbert. Si certains titres sont taillés pour la scène comme "You're Gonna Hear It From Me" d'autres sont moins accessibles : "White Knubble Ride" est par exemple à l'image de son titre : originale, aux claviers plus prononcés et limite experimentale.
Ce qui frappe le plus sur cet album c'est la sur-présence vocale de Kelly Keagy. Les duos Blades/Keagy sont très fréquents ("Rock Star", "Revelation 4am", "Whatever Happened") et les fans de Jack Blades pourront être déroutés par ce choix. Les duos de guitares sont quant à eux au poil, souvent en harmonie et bien construits. Leur montée crescendo sur les choeurs de " There s Life" est un vrai plaisir. Un bon point aussi pour la section rythmique, variée, entrainante et bien mise en valeur (chose suffisament rare pour être mentionnée). La galette est cloturée sous le signe du calme avec "Being", titre hybride, ni pop, ni ballade, ni rock...
Un bon effort qui mérite de l'attention car les mélodies ne sont pas toujours évidentes et faciles mais la varieté est de mise. Le passage au 21e siecle est réussi ( Europe avait déjà entamé la marche) et la qualité est au rendez vous. Que demander de plus ?