PERSEFONE: Lingua Ignota: Part I (METAL PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

A force de travail et de persévérance, les Andorrans de Persefone ont acquis une belle reconnaissance grâce à leur musique sophistiquée aux couleurs death. Les concepts fouillés et la musique mouvante à la technique redoutable ont fait le bonheur d’amateurs avides de prouesses instrumentales et d’énergie positive. Leur dernier effort, “Metanoia”), était une œuvre sublime, leur ayant apporté une pluie d’éloges certainement méritées.

Au faîte de sa renommée, le groupe s’est séparé de son chanteur historique (Marc Martins Pia), remplacé par Daniel Rodríguez Flys d'Eternal Storm. Ce départ semble précipiter la mutation vers la version glacée et mécanique de Persefone portée par "Lingua Ignota: Part I", dont la pochette épurée et abstraite tranche avec les précédentes. Cette image donne une première idée sur le contenu de ce nouvel album soufflant le chaud et le froid.

Un vent de changement se fait ressentir dès l’introduction cinématique ornée d’éléments électro, jusqu'aux riffs chirurgicaux et aux claviers glacés (‘The Equable’). Les chansons sont originales, les variations foisonnantes, les mélodies judicieusement exploitées avec des chœurs dignes de Queen ou de Yes ('Lingua Ignota'), et le chant clair apparaît comme une bénédiction quand il remplace sa version Death. Le groupe s’aventure sur le chemin de la modernité avec une technique poussée à son paroxysme ('Sounds And Vessels') au détriment parfois de la musicalité.

Persefone s’éloigne donc de ses origines musicales pour tendre vers une version sophistiquée, épurée, concise et froide de son art. Heureusement les fondamentaux sont présents : guitares solitaires très loquaces ornées des pointes jazzy ('Lingua Ignota'), riffs aussi complexes que mélodiques et rythmes variés qui s'entrecroisent avec bonheur (‘Abyssal Communication’). Dommage que l’ultime 'Abyssal Communication' avec ses méandres symphoniques dignes d’une bande originale hollywoodienne bardée de clichés amollisse un final qui aurait pu être grandiose.

Si la forme évolue, les fondamentaux sont respectés. L'EP permet à Persefone de défricher un chemin mâtiné de metalcore, une œuvre froide plus exigeante et plus difficile d'accès que ses productions précédentes. Mais peu importe, car le groupe avance contre vents et marées. "Lingua Ignota: Part I" est une œuvre qui étonne autant qu’elle déroute et qui ne se laisse pas dompter facilement.

PERSEFONE

LINGUA IGNOTA: PART I

NAPALM RECORDS

METAL PROGRESSIF