Gotus, nouveau venu sur la scène du hard rock mélodique, nous arrive de Suisse. Il regroupe des membres ou ex-membres de Krokus et de Gotthard avec Ronnie Romero à leur tête. La nouvelle terre promise du prolifique frontman propose avec cet album éponyme un opus qui risque fort de rester en 2024 dans les mémoires des amateurs de Whitesnake tant les onze pièces proposées ici fleurent bon les compositions de la bande de Coverdale.
Nostalgiquement versés du côté des 80’s, sans que le sentiment d’œuvres surannées vienne perturber l’audition du produit, les morceaux conçus dans cette feel-good production alpaguent avec aisance le hard rocker orphelin des efforts d’antan du Serpent Blanc. Romero s'y démène comme un beau diable et frôle le mimétisme vocal de Coverdale, plus que Jorn Lande n’a réussi à le faire du temps de sa superbe. Il faut dire que les effluves bluesy du produit l’y aident grandement, tout autant que les assauts heavy et fédérateurs de la six-cordes de Mandy Meyer. Regorgeant de feeling et d’efficacité, combinant moments calmes et avalanches de riffs dignes de Black Country Communion, les compositions s’enchaînent sans baisse de régime.
Fondamentalement classique, mais avantageusement classieux, ce premier essai conjugue traditionalisme respectueux et modernisme gommant toute sensation de prévisibilité et de lassitude. De titres heavy rock tonitruants en mid-tempi séducteurs, Gotus touche la cible à chaque lancer. Le magnifique 'Children Of The Night' apparaît léger comme une brise sentimentale avec ses arpèges à la guitare sèche, et le musclé 'Beware Of The Fire' fait frénétiquement battre la mesure. L’ombre de Deep Purple surgit sur le sacrément rythmé 'Take Me To The Mountain' et l’approche AOR de 'Without Your Love' séduit avant que, sur la dernière plage, un sautillant 'On The Dawn Of Tomorrow' regorgeant de claviers n’achève le travail.
Ronnie Romero n’a pas fait que des choix concluants sur ses nombreuses dernières participations, mais peu oseront avancer qu’il s’est ici fourvoyé. Il est en effet indéniable que Gotus vient d’entamer, avec cette première salve, une aventure qui devrait séduire un grand nombre de hard-mélo men.