L’Italie, son cinéma (de genres, surtout), ses jolies femmes, son histoire, ses paysages, sa gastronomie et surtout... son stoner ! En effet, la péninsule demeure depuis longtemps une terre fertile en matière de riffs bien gras, de coulées dantesques, de bûches velues. Doom et psychédélisme aiment s’y accoupler dans les profondeurs telluriques d’un creuset brûlant sous le regard occulte d’un rock progressif biberonné aux séries B brumeuses. De fait, il y a toujours quelque chose à butiner dans ces galettes.
Actif depuis pas loin d’une quinzaine d’années, Humulus compte parmi ses bûcherons les plus respectés. Pourtant, l’honnêteté oblige votre serviteur à reconnaître qu’il ne s’était jamais vraiment intéressé à lui, malgré trois premières enclumes remarquées et plus particulièrement "The Deep" en 2020. C’est donc les oreilles vierges que nous déflorons son successeur. Entre les deux albums, Giorgio (basse) et Massimiliano (batterie) ont dû pallier, une fois de plus, le départ de leur chanteur et guitariste, Andrea van Cleef ayant, comme Ben son prédécesseur, plié bagage. Un certain Thomas Mascheroni le remplace. Nous ne saurions trop dire si Humulus y a gagné et s’il se révèle meilleur ou différent sous cette nouvelle combinaison mais le fait est que "Flowers Of Death" brille de mille feux, merveille d’écriture comme de feeling.
Son titre ainsi que sa pochette, magnifique par ailleurs, reflètent mal par leur caractère macabre un contenu au contraire vigoureux et enjoué. D’un ensemble mordant et moelleux se détache tout d’abord l’énorme (à tous points de vue) ‘Operating Manual For Spaceship Earth’, soit dix minutes d’un orgasme psyché, gorgé d’une semence hypnotique, qui achève l’écoute sur une note cosmique aux allures tenaces de jam euphorisante. Le genre de morceau qui donne le sourire jusqu'aux oreilles. On tient là assurément la création la plus réussie et jouissive jamais enfantée par Humulus, point G d’un menu dont elle écrase quelque peu les six autres pistes qui le composent.
Pourtant et sans il est vrai tutoyer la même grandeur, le reste n’a pas tellement à rougir de la comparaison, entre un ‘Shimmer Haze’ que tisse une six-cordes stratosphérique ou un ‘7th Sun’, lente élévation vers des sphères célestes où le chant est relégué au second plan. Le tempo est engourdi, comme cloué au sol (‘Black Water’), plus rarement nerveux (‘Buried By Tree’), ce qui dicte à l’album sa teneur à la fois lourde et gouleyante.
Que dire d’autre à son sujet si ce n’est que "Flowers Of Death" trône parmi les rondelles de stoner et affiliés les plus excitantes de l’année 2023. Indispensable !