Avec sa coupe à la Elvis Presley, ses grosses lunettes de soleil et son visage juvénile, on pourrait être tenté de ne pas prendre au sérieux Daniel Rocco. Voilà qui serait une erreur. Car malgré une carrière balbutiante avec un premier album sorti en 2021, l'homme, plus connu sous le nom de groupe Des Rocs, démontre déjà des facultés d'écriture intéressantes et une identité affirmée. Adepte du revival rock, il nous présente en 2023 son deuxième album, "Dream Machine", un juste équilibre entre inspirations du passé et modernité et produit par Alain Johannes (Queens of the Stone Age, Them Crooked Vultures).
En grand admirateur de Queen et de Muse, l'introductif 'Dream Machine' s'apparente à un sympathique clin d'œil aux deux groupes mythiques qui ont bercé son enfance musicale. Débridé et un peu chaotique, le titre regroupe déjà toutes les caractéristiques que l'on retrouvera tout le long de l'album : des riffs hypnotiques, des harmonies vocales, des guitares noisy, des soli endiablés et un superbe chant expressif qui ne manquera pas de surprendre.
Si Des Rocs s'est amusé à qualifier lui-même sa musique de "Bedroom Rock Arena", c'est qu'il y en a pour tous les goûts. L'artiste n'hésite pas à brouiller les pistes avec des morceaux aux inspirations diverses comme le pesant et groovy 'I Am the Lightning', 'Natural Born Thriller' et son blues du bayou, le classic rock 'Bad Blood' à la ZZ top ou encore le radiophonique 'Never Ending Moment'. Pourtant, à aucun moment la sensation d'écouter un contenu décousu ne vient à l'esprit, une réussite que l'on doit certainement à un habillage sonore cohérent légèrement suranné et au travail d'arrangement et de composition équilibré qui permet à chaque titre de respirer via des breaks ou des accélérations.
Si le chant reste évidemment le point fort des différents titres, les instruments sont très bien représentés, notamment la batterie particulièrement mise en valeur et qui propose de nombreux plans permettant de dynamiser les compositions. C'est le cas dans le massif 'White Gold' mais surtout dans le bijou que contient ce "Dream Machine", 'In The Night', le titre que l'on pourrait presque qualifier d'épique tant il est inattendu et bien construit. Des Rocs y est impérial et habité, les différents parties s'enchaînent naturellement avec à chaque étape l'élément - un solo, un break, un plan de batterie ou de basse - qui apporte une nouvelle sensation et fait évoluer la chanson vers un nouveau degré d'intensité.
Pierre Corneille faisait dire à Rodrigue dans Le Cid que "la valeur n'attend point le nombre des années", une citation qui pourrait très bien s'appliquer à Des Rocs dont le travail sur ce "Dream Machine" respire le talent et la passion. Tout n'y est pas encore parfait, les inspirations sont parfois évidentes sans être heureusement envahissantes, mais pour un deuxième album, le résultat est franchement impressionnant.