ROBBY KRIEGER: Robby Krieger And The Soul Savages (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

A 78 ans, Robby Krieger n’a plus rien à prouver depuis longtemps. Son passé de légende du rock est derrière lui, et cela fait d’ailleurs bien longtemps qu’il ne fait plus de rock. Après l'excellent "The Ritual Begins At Sundown", paru en 2020, c’est avec un nouvel album de jazz instrumental que l’ancien guitariste des Doors revient en ce début d’année, accompagné d’un nouveau groupe, The Soul Savages, créé pour l’occasion et réunissant comme il se doit des pointures presque toutes nominées aux Grammy Awards, comme le bassiste Kevin Brandon (James Brown, Aretha Franklin, Michael Jackson), le claviériste Ed Roth (Ringo Starr, Annie Lennox) et le batteur Franklin Vanderbilt (Chaka Khan, Stanley Clarke). Réunis lors de jam sessions dans le studio de Krieger, tous ces musiciens ont participé à l’écriture des morceaux. Et c’est peut-être bien ça le principal problème de "Robby Krieger & The Soul Savages".

Certes, bon musicien n’est pas toujours synonyme de bon compositeur, mais dans ce cas précis, les compositions pêchent moins par leur manque de qualité que par leur manque de relief. Et même si le groove est bien présent sur la majorité des titres, la plupart distillent un ennui diffus, principalement dû à un manque d’ambition musicale et parfois à une pauvreté mélodique évidente (‘Contrary Motion’, ‘Bouncy Betty’, ‘Blue Brandino’).

Mis à part sur les excellents ‘Shark Skin Suit’ et ‘Never Say Never’, la cohésion entre les musiciens ne se révèle jamais vraiment, chacun déroulant sa partition avec une technique irréprochable mais trop peu de conviction. A vouloir rendre justice au talent de chaque membre du groupe, Robby Krieger lui-même a du mal à sortir du lot et son jeu inimitable échoue à faire décoller certains titres qui se cantonnent à un soft jazz d’ambiance sans surprise et sans réelle direction musicale (‘Samosas & Kingfishers’, ‘A Day in L.A., ‘Killzoni’), comme le prouve l’abus du fade out pour terminer les morceaux.

"Robby Krieger & The Soul Savages" est donc une relative déception, pondérée uniquement par le talent des musiciens. L’amateur de jazz trouvera sans doute son bonheur au détour d’une ligne de basse ou d’un pattern de batterie bien groovy. Mais dans l’ensemble, l’album ne décolle jamais vraiment et oublie bien trop souvent l’auditeur, en l’excluant d’un jeu qui ne semble amuser que ses concepteurs.

ROBBY KRIEGER

ROBBY KRIEGER AND THE SOUL SAVAGES

MASCOT LABEL GROUP

ROCK