Alors qu’ils enchaînaient les sorties discographiques à un rythme infernal, les Canadiens de Striker ont subitement disparu des écrans radars après "Play To Win", première production parue sur leur propre label, Record Breaking Records. Le capital sympathie de cette formation alliant authenticité et énergie restant important, il est peu de dire que l’arrivée du nouveau venu intitulé "Ultrapower" a suscité son lot d’impatience après six ans d’attente. Si le visuel reste proche de celui de la parution de 2018, le line-up se voit à nouveau grandement remanié, ne laissant que Dan Cleary et Timothy Brown en poste.
Heureusement, ces changements de personnel n’ont clairement pas entamé l’identité du combo d’Edmonton qui emporte à nouveau tout sur son passage. Pour cela, la recette est moins simple qu’il ne peut le sembler. En effet, derrière des refrains systématiquement accrocheurs, des soli rutilants et des chœurs fédérateurs qui permettent à l’ensemble de rester cohérent, les ingrédients sont multiples. Striker est une des rares formations capables de mêler plusieurs genres musicaux sans que l’auditeur ne se sente perdu pour autant. Le quintet peut basculer d’un titre aux touches glam et FM renforcées par un surprenant saxophone (‘Give It All’) à une pièce épique changeant de tempi et d’ambiances, passant d’un heavy-thrash à des plages épurées avec batterie tribale et nappes de synthétiseurs (‘Blood Magic’), le tout sans que l’amateur ne soit choqué.
Dans cet enchaînement de bombes à fragmentation d’une efficacité redoutable, il serait indigeste de citer tous les éléments méritant de retenir l’attention tant ils sont nombreux. Les Nord-Américains entremêlent du speed-metal à la Helloween (‘Circle Of Evil’), avec des touches rageuses et punkisantes (‘Sucks To Suck’), passent par de la pop-metal à la Def Leppard (‘City Calling’) ou s’aventurent sur des territoires synthétiques dignes du dernier Reckless Love (‘Live To Fight Another Day’). Pourtant, tout cela reste homogène et surtout, garde la marque de fabrique de ses auteurs imprégnée au fer rouge. Les refrains pénètrent profondément l’hippocampe et ce avec délectation. L’ensemble transmet une énergie puissante et communicative à même de vous sortir d’une période de profonde déprime.
Avec ce "Ultrapower" bien-nommé, Striker remet les pendules à l’heure et fait oublier l’interminable attente que les amateurs ont eu à supporter pendant six longues années. Avec leur mélange unique de metal sous toutes ses facettes et son identité aussi affirmée que protéiforme, le combo canadien se positionne à nouveau comme un des principaux leaders d’un renouveau métallique restant fier de ses racines.