Le reproche le plus fréquent fait aux guitar heroes est de faire passer la technique avant l’émotion. Nick Johnston est l’un de ces guitaristes avec qui cela ne fonctionne pas, le Canadien étant de cede musiciens pour qui l’émotion transmise est la clé de voûte de son travail. Si un morceau ne lui donne pas immédiatement la chair de poule, c’est direct à la poubelle. Vous l’aurez compris, avec lui c’est tout ou rien. Pas question d’impressionner qui que ce soit, on parle ici d’authenticité.
Avec Nick Johnston, la question du rôle de la musique dans nos vies est posée assez clairement. La musique doit-elle a) combler le vide, b) être distrayante, c) être démonstrative, ou d) nous faire littéralement chavirer ? Pour lui, aucun doute, c’est la réponse ‘d’.
Le moins qu’on puisse dire c’est que l’artiste canadien est cohérent avec ce qui l’anime, sa musique étant d’une profondeur abyssale et ses notes trouvant leur cible à chaque tir. Difficile en effet de sortir indemne de l’écoute de "Child of Bliss" tant les ambiances et harmonies proposées sont émouvantes.
Nick Johnston aurait pourtant bien les moyens d’en mettre plein la vue, son bagage technique étant simplement époustouflant. Mais voilà, ça ne l’intéresse pas.
Dans la musique de Nick Johnston, les réminiscences de Joe Satriani sont assez évidentes, au point qu’on croirait presque parfois écouter des compositions de ce dernier (‘Through the Golden Forest’, ‘Himari’, ou ‘Memento Vivere’).
Reprocher à un guitariste instrumental d’être influencé par un tel génie serait répréhensible si l’artiste nous proposait une pâle copie de l’original. Seulement l’influence est ici transcendée. Pour Nick Johnston, le pari est absolument réussi, le musicien s’appuyant sur ses goûts personnels pour nourrir sa propre musique et le résultat est bluffant.
C’est nouveau, c’est propre, et ça émeut aux larmes. Espérons que le travail de Nick Johnston sera accueilli à sa juste valeur, même si cela ne semble pas être la priorité de l’artiste, son objectif étant avant tout d’être vrai.