Paolo Sanna est un sound designer italien dont on n’aurait pas pu prévoir la trajectoire musicale à écouter son travail sur YouTube (animations et films), aux antipodes de cet EP : "Novem Reges". Féru de guitare instrumentale, en particulier de Paul Gilbert, mais aussi des usual suspects John Petrucci, Guthrie Govan, Joe Satriani, Steve Vai ou Plini, Paolo Sanna sort de l’anonymat avec un premier EP, sorte d’hommage à la musique qui l’anime intimement. Si le titre 'Surfing a Dream' trahit cette admiration pour les shredders (on a tous reconnu Satriani), l’influence n’est toutefois pas omniprésente, les morceaux ne rappelant pas nécessairement l’univers du guitar hero.
Le résultat est prometteur dans l’ensemble, les morceaux sont agréables, les mélodies accrocheuses, sans prétention et surtout sans aucune démonstration, erreur récurrente que l’on peut regretter chez certains guitaristes cherchant à en faire trop pour prouver l’étendue de leur dextérité au détriment de la créativité. L’étalage de technique n’est donc pas la route qu’a empruntée Paolo Sanna, lui préférant l’ambiance générale, l’harmonie et la mélodie. Son expérience de sound designer est sans doute un garde-fou utile contre les incartades incontrôlées et c’est tant mieux.
Si Paolo Sanna a tout composé chez lui sur son laptop à l’aide d’effets Neural, il s’est néanmoins entouré de vrais musiciens de studio pour assurer la base rythmique (basse et batterie) de ses compositions. Bonne pioche, car le résultat est frais et plus humanisé que les émulateurs d’instruments pourtant réalistes, très démocratisés ces dernières années sur Internet. Cela montre sa volonté de sonner vrai et c’est tout à son honneur. L’authenticité est d’ailleurs une valeur qui lui est chère, le musicien ayant à cœur, selon ses dires, d’exprimer ses idées en toute sincérité à travers sa guitare. Les compositions sont plaisantes, mais le point faible de l’EP est, comme souvent, sa courte durée. "Novem Reges" ne fait pas exception, on arrive en effet au bout de l’album en restant un peu sur sa faim. Si l’exercice a l’avantage de donner un avant-goût de l’univers de l’artiste, on aurait aimé plus de matière pour s'en faire une idée objective.
Gageons qu’un album plus consistant mijote. Dans l’intervalle contentons nous d’un "Novem Reges" ("les 9 rois" en latin) qui restera énigmatique (référence historique ou au "Seigneur des Anneaux" ?) jusqu’à ce que l’artiste en révèle la signification.