Ne vous fiez pas à l'allure juvénile de la bête (ni à la pochette "t'as vu les tablettes de choco?")! Milan Polak est loin d'être un débutant... Entre des morceaux chez Mike Varney, divers jingles et autres illustrations musicales, sans parler du projet instrumental J.A.M, le gars commence à bien fournir son CV six-cordeux par des productions d'une qualité certaine.
Après avoir fait ses preuves instrumentalement parlant (de manière un peu démonstrative il faut le reconnaître), Polak se lance dans un album de hard-rock classique, et surtout, chanté par ses soins.
Lançons le CD et voyons ce qu'il en est.
Le premier morceau "Difference" fleure bon le King's X de l'époque Manic Moonlight, à savoir un son très ramassé et sobre soutenu par un groove carré, des breaks savants et des choeurs à la croisée de Queen et des Beatles... il en va de même sur "Crosses" ou "I Don't Care" qui reposent sur des recettes identiques.
L'ensemble de l'album, d'ailleurs, navigue souvent dans des eaux assez groovy reposant sur des riffs funk-rock saturés ou de grosses charges punko-hard (pensez Skid Row) très nerveuses. Le chant de Polak, à défaut d'être renversant, s'avère assez rocailleux et malin... Malin dans le sens où le guitariste ne poussera jamais ses cordes vocales dans des territoires qui leur sont inaccessibles s'il lui prenait l'envie d'en faire trop.
En plus d'être assez teigneux, ce disque s'avère être mélodiquement assez bien fichu : les refrains sont accrocheurs, les couplets entraînants, et l'on se surprend à siffloter certaines mélodies quelques heures après une écoute...
A défaut d'être original, Polak réussit à restituer ses multiples influences de manière assez classique mais efficace... Rien de bouleversant ou d'innovant mais le travail est très pro.
Le son des guitares est en général assez naturel... Pas de montagne d'effets empilés pour "avoir le gros son", juste de quoi sortir une distorsion bien grasse et un crunch bien senti afin de donner toute leur efficacité à des rythmiques et soli costauds. Il en va de même pour son jeu de guitare.
Cependant, si techniquement le bougre est au point, il lui manque l'essentiel: une personnalité, une voix qui lui soit propre et surtout du feeling. Ses soli restent assez froids -un petit passage par la case blues serait la bienvenue- malgré des phrasés assez proches de ce que font des gens comme Ty Tabor, Steve Lukather ou Nuno Bettencourt... A noter d'ailleurs le chorus de "Superstar Mania", le meilleur de l'album à mon sens, avec sa Wah-Wah endiablée... Bon allez, je suis un vilain chroniqueur, le bluesy "The Glowing Of A Cigarette", qui conclue joliment le disque, ne manque pas d'émotion ni de finesse...
Rien de révolutionnaire dans cette galette donc. Énergique, viril (chez moi on dit "velu"), gorgé de rock endiablé, "Straight" réjouira l'amateur de riffs épais, saignants et de guitares en haute voltige, sans pour autant bouleverser quoi que ce soit dans le paysage sonore, tout cela ayant déjà été entendu chez d'autres. Mais sachons reconnaître à cet album les qualités qui sont les siennes : de la mélodie, de l'énergie, un enthousiasme rafraîchissant, ainsi qu'une certaine sobriété, bienvenue (et rare) chez un aspirant guitar-hero. L'album idéal pour cruiser au volant d'une grosse américaine sur une highway infinie, le bras collé sur la portière, un sourire au lèvres...