Parfois le chroniqueur souffre. Si si.
Parfois ses délicats tympans se trouvent soumis à des tourments auditifs sans pareils, ainsi il se doit de dire quand il n'aime pas -du tout- un album. Et là aussi il souffre.
Parfois, il se sacrifie pour vous éviter à vous, chers lecteurs/internautes de souffrir à votre tour et de dépenser inutilement des sous durement gagnés à la sueur de vos fronts soucieux.
J'en fait trop? Oui bien sûr, mais il faut bien compenser d'une manière ou d'une autre le fait que Shades Of Dawn, eux, n'en font pas assez. Franchement pas assez.
Ce quintet teuton essaie donc de jouer un rock progressif classique qui va puiser son inspiration du côté des Camel et Genesis pour les atmosphères et mélodies, du Saga seventies pour les intros spacy, et du Marillion première époque pour les guitares. A la lecture de ces références on pourrait se dire que cet album est sympathique, qu'il a de solides influences et toutes ces sortes de choses... Hélas, il n'en est rien.
Ceci est principalement dû au fait que le groupe se montre incapable de jouer « carré » en plantant quasi-systématiquement ses mises en place et transitions. Ce qui est plus que fâcheux dans le cadre de notre genre musical de prédilection qui privilégie les breaks, envolées instrumentales et autres cabrioles rythmiques et harmoniques.
Je ne parle même pas de la maîtrise instrumentale des membres du groupe où seul le bassiste semble se dépatouiller de l'amateurisme de mauvais aloi de ses coreligionnaires: la guitare est approximative dans ses rythmiques, les soli monotones au possible; le batteur est souvent en dehors du tempo et la voix du chanteur -en plus de ne pas être agréable- est souvent prise en défaut quant à sa justesse et n'est pas capable de tenir des choeurs rigoureux. Tout cela n'est pas très sérieux et fleure un peu le je-m'en-foutisme. On pourrait me rétorquer qu'il s'agit d'erreurs de jeunesse voire de maladresse. Même pas: la moyenne d'âge du combo dépasse allègrement les quarante balais... de quoi s'attendre à plus de maîtrise tout de même.
N'y aurait-il donc rien à sauver dans ce disque? Allez, en faisant un -gros- effort on trouvera de-ci de-là quelques harmonies et mélodies sympathiques. Certes, il y a de bonnes idées et j'en viendrais presque à dire que « The Silent Death Of A Mother's Heart » tiendrait la route mais le manque de lyrisme, d'inspiration et de rigueur dans l'exécution ne permet pas à ce titre -ni à l'album- de décoller.
Pour conclure, ce « From Dusk 'Till Dawn » tiens plus de la maquette avancée -et inachevée- que de l'album travaillé dans la sueur et avec amour. Le manque de moyens n'est pas une excuse: nous connaissons tous des groupes qui font des merveilles mêmes avec des budgets plus que limités.
Bref, c'est une impression de bâclage et de gâchis qui domine à l'écoute de ce groupe. Dommage que les musiciens n'aient pas plus travaillé leurs morceaux et leur production, le résultat eût été bien meilleur au lieu d'être aussi poussif qu'ennuyeux.