Cinquième réalisation - dont un live - pour Planet x, ce super-groupe formé à l’origine de Derek Sherinian, clavier-hero-fou qu’on ne présente plus, Virgil Donati, batteur-hero de Steve Vai et enfin Tony Mac Alpine, guitar-hero et pianiste à ses heures. Pour ce Quantum, Tony Mac Alpine manque à l’appel mais est « remplacé » par deux guitaristes qui ne sont pas des manches, loin de là, en les personnes de Brett Garsed et Allan Holdsworth. On ne présentera pas Allan Holdsworth, tout le monde ou presque sachant quel guitariste il est. Brett Garsed, un peu moins connu car apparaissant sur différents projets comme le très jazz-funk Centrifugal Funk de MVP. Parmi les deux autres musiciens venant clôturer ce line-up, il y a Rufus Philpot dont on a pu entendre la basse ronronnée pour Al di Meola.
De l’avis de Derek Sherinian, Planet x est « le groupe instrumental le plus fou de l’univers » et les précédents albums nous avaient laissé une bien belle impression d’un groupe repoussant toujours plus loin les limites de la mélodie, de la technique et de la fusion jazz-métal-progressif-instrumental.
L’ère Mac Alpine donnait à la musique de Planet x un côté métal néoclassique auquel le virtuose ajoutait une forte dose de gammes et d’arpèges jazz, pour un mariage déroutant mais très réussi. Dans ce nouveau cru 2007, Planet x s’est clairement entouré de guitaristes de la nébuleuse jazz-rock et la musique s’en ressent. Oublié le côté néoclassique ! Bien que certaines rythmiques soient encore assez métal, les chorus pris par les gratteux sont définitivement jazz-rock. C’est le clavier de Sherinian et le groove de Donati qui imprime une épaisseur métal. Les sons de claviers sont très contemporains et typiques de Sherinian ( « Alien Hip Hop », « Poland »). Donati s’en donne à cœur joie avec toujours autant de rythmes syncopés, mesures impaires et breaks à contre temps ( « Alien Hip Hop », « Kingdom of Dreams » ou « Quantum Factor »). Et oui, c’est ce qui se passe quand un batteur très technique se charge de la composition d’instrumentaux.
Le fait le plus marquant, au delà de la direction moins métal prise par le combos, c’est la présence toujours prépondérante de la basse. Rufus Philpot impose son groove avec autorité ( « Alien Hip Hop », « Desert Girl » et surtout « Matrix Gate » et le solo de « Poland »). Il ne souffre aucunement la comparaison avec ses illustres prédécesseurs qu’ont été Dave La Rue dans Le Live from Oz et Billy Sheehan dans Moon Babies. Son jeu semble être le mariage inter-générationnel d’un Tony Levin et d’un Jonas Reingold et sa contribution n’est pas négligeable dans les riffs et rythmiques. En effet, de part l’absence de Mac Alpine et ses riffs sept-cordes incandescents, l’alliance d’une grosse basse et d’une guitare rock était nécessaire pour conserver une orientation métal.
Les deux guitaristes s’en sortent très bien et les soli que prend Allan Holdsworth (« Dessert Girl » et « The Thinking Stone ») sont lumineux de fluidité et d’inspiration. Celui-ci n’a malheureusement pu apparaître que sur deux morceaux, faute de disponibilité. Brett Garsed montre qu’il est aussi à l’aise dans le jazz que dans le rock plus moderne. Donati et Sherinian ont su s’entourer, comme à leur habitude, de très bons musiciens.
Même si Quantum est un peu plus uniforme et moins diversifié que ses grands frères, c'est un bon millesime. Planet x reste ainsi dans le haut du panier du métal-fusion instrumental tant au niveau technique que mélodique.
La complexité que l’on a pu trouver chez Liquid Tension Experiment pourra en rebuter certains et donner le vertige à la longue même si Quantum est, par la durée de ces compositions et le côté éthéré du jeu de ces musiciens, plus digeste que LTE1 et LTE2 - sachant que les styles pratiqués ne sont pas exactement similaires. Il ravira en tout cas les afficionados et attirera peut-être les amateurs de jazz rock qui pouvaient être freinés par le côté trop métal des anciennes productions.