MY DYING BRIDE: A Mortal Binding (DOOM) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Les années passent et My Dying Bride ne va pas vraiment mieux. Certes, le groupe n’a jamais été franchement réputé pour sa joie de vivre mais "A Mortal Blinding", sa quinzième hostie officielle, le dévoile plus funèbre que jamais dans son expression tragique. Ce qui est d’autant plus surprenant que son prédécesseur, "The Ghost Of Orion" et l'EP qui l’a suivi, "Macabre Cabaret", semblaient vouloir le pousser sur un chemin (de croix) plus lumineux sinon romantique, manière de réponse cathartique aux épreuves que son emblématique chanteur venait d’endurer.

Plus funèbre donc, et surtout plus brutal, comme l’illustre d’emblée ‘Her Dominion’ dont les vocalises d’outre-tombe résonnent depuis les abysses, foreuses plongeant dans les profondeurs d’une mine de charbon. Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas entendu Aaron Stainthorpe chanter avec une telle rage charbonneuse, au point d’être méconnaissable et de raviver les plaies sinistres du passé, imposant l’image d’un My Dying Bride renouant avec ses débuts d’une froideur mortuaire, le son cru et blafard en moins toutefois. Cette amorce n’en reste pas moins magnifique grâce à ces riffs obsédants typiques du UK Doom et ces nappes de claviers à l’immuable ambiance victorienne, lesquels ne suffisent cependant pas à élaguer la surprenante agressivité du propos.

Une entrée en matière aussi noire n’augurait donc pas d’un album particulièrement accessible, moins dans tous les cas que "The Ghost Of Orion". Si ‘Thornwyck Hymn’ puis ‘The 2nd Of Three Bells’ paraissent contredire ce sentiment, avec le retour du violon et une voix claire qui domine (encore qu’elle doive batailler contre des growls hargneux durant le troisième titre), déjà ‘Unthroned Creed’ imprime une atmosphère lourde et oppressante malgré le registre délicat privilégié cette fois-ci par Aaron tandis que ‘The Apocalyptist’ a quelque chose d’une errance meurtrie dans les dédales sinistres d’un asile, mêlant violon cafardeux et lignes vocales contrastées.

Ces deux compositions sont à l’image d’un disque complexe dans son âpreté mélancolique, qui se veut moins un simple retour au pur doom death sépulcral des origines, dont il ressuscite certains oripeaux, que l’émanation moderne d’un dolorisme séculaire. Le terminal ‘Crushed Embers’ ne dit pas autre chose, longue pièce aussi agonisante que dramatique, de facture classique mais vibrant d’une ampleur très contemporaine.

D’une agressivité inaccoutumée qui ne l’exonère cependant pas d’une grande beauté, "A Mortal Blinding" affiche un My Dying Bride qui continue inlassablement de façonner ce doom death qu’il a chevillé à l’âme autant qu’au cœur.

MY DYING BRIDE

A MORTAL BINDING

NUCLEAR BLAST

DOOM