BENIGHTED: Ekbom (DEATH METAL) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Les rois du grindcore technique français sont de retour pour un nouveau voyage violent et malsain. Depuis “Obscene Repressed”, le groupe a franchi un palier, polissant son mélange d’ultra-violence et de technique. Quelques années passées, avec une régularité quasiment métronomique, ils publient “Ekom” à la profondeur surprenante et à la musique ultra-puissante. Bienvenue dans le glauque, au pays de l’absurde, pour une virée dans un monde où la norme est plus effrayante que la difformité...

Benighted pousse son style jusqu'à son paroxysme, douloureux et violent (‘Scars’), ponctué de rares instants de douceur spectrale digne d’une bande originale de John Carpenter (‘Prodome’). Entre rêveries macabres, terreur nocturne et angoisses paralysantes, déboule dans nos oreilles une musique complexe et violente où quelques brins mélodiques surnagent (‘Mother Earth, Mother Whore’). Porté par une thématique macabre, Benighted sonde l’âme et analyse les détours psychologiques afin de révéler un constat sur l’humain et sur notre noirceur intérieure.

Le groupe, constant et droit dans ses bottes, compose des grands instants de grindcore intense et nerveux (‘Morgue’). Les riffs sont assassins, épousant parfaitement la violence ultime, soutenus par une énorme batterie (‘Morgue’) qui construit des rythmes bardés de technique, de subtilités, de groove et de finesse (‘Ekbom’). Le chant utilise de multiples registres, plongeant dans des abysses ou grimpant sur des crêtes aiguës. Tout cela aurait pu paraître classique, si ce n’est la qualité du propos et des textes, car les paroles sont le coup de génie du disque, poésies noires baignées de peurs.

Benighted publie une œuvre effrayante qui cherche les émotions au cœur de l’indicible. L'ensemble des instruments confèrent à ce disque le statut d’essentiel de cette année. Même avec sa forme classique, le fond d’une puissance évocatrice insoupçonnée submerge tel un tsunami. C'est un des rares albums de grindcore qui serre le cœur jusqu'à faire monter des larmes. “Ekbom” est une réussite totale à écouter d’urgence et à déguster sans modération.

BENIGHTED

EKBOM

SEASON OF MIST

DEATH METAL