Metric ne nous avait pas habitués à des sorties aussi rapprochées. Alors qu'il fallait au groupe entre trois et quatre ans pour proposer du nouveau matériel, voici déjà la suite de "Formentera" qui paraît un an plus tard, sobrement intitulé "II". Simple recueil de titres qui n'auraient pas été retenus pour l'opus précédent ou vrai album à part entière, l'arrivée de ce "II" n'a pas manqué de susciter des interrogations.
Aucun doute, ce second volume porte bien son nom et s'inscrit dans la continuité de ce qu'a proposé Metric l'année précédente. On y retrouve ce mélange de pop et de new wave caractéristique ainsi que le chant sensuel de la maîtresse des lieux, Emily Haines. Mais continuité ne signifie pas ressemblance et ce deuxième volume diffère de bien des façons de son aîné. La dynamique générale s'est sensiblement ralentie avec une majorité de titres mid tempo voire low tempo, alternant ballades mélancoliques ('Who Would You Be For Me', 'Nothing Is Perfect') et morceaux pop simples et dépouillés ('Stone Window', 'Days Of Oblivion','Suckers') ou lancinants ('Go Ahead And Cry', 'Descendants'). Les aspects electro semblent avoir pris le dessus sur le reste, sensation renforcée par l'utilisation quasi exclusive de sons de batterie synthétiques. Parfois le groupe s'essaye même aux solos pour un résultat assez mitigé (le solo de 'Stone Window' est poussif et celui de 'Detour Up' minimaliste).
Il faut être honnête, si les chansons ne sont pas désagréables, notamment 'Days Of Oblivion' ou la sautillante 'Just The Once', elles ne décollent jamais vraiment. De nombreux titres sont courts et pourtant ils paraissent bien longs ('Detour Up', 'Descendants'), et la majorité d'entre eux manquent cruellement de force émotionnelle.
Metric semble avoir fait du cache-misère en camouflant des titres moyens sous une couche d'électronique pour les rendre plus clinquants qu'ils ne le sont vraiment. Si le die hard fan sera ravi de retrouver son groupe fétiche aussi rapidement, les autres pourront considérer ce "II" comme des chutes de "Formentera" et surtout comme le premier faux pas de la part d'un excellent groupe qui nous a habitués à tellement mieux.