Indria Saray, musicien aux multiples facettes, multiplie depuis quelques années les collaborations, avec notamment Alcest ou encore Francesco And The Black Swan. Au-delà de son rôle de bassiste à la voix rauque, il n'oublie pas de nourrir ses propres aspirations artistiques, notamment avec son projet personnel, Somewhere City. Après un premier EP qui a transformé ce projet en groupe à part entière, l'album "Cry" voit le jour, présenté sous la forme d'une pochette éblouissante représentant une lune illuminant un enfant en pleine inspiration, l'une des images les plus saisissantes depuis longtemps.
"Cry" se présente comme un exercice de style habilement exécuté, explorant le grunge et le rock alternatif, avec des influences marquées de Pearl Jam. Le son de Seattle imprègne l'album, respectant scrupuleusement l'aspect organique et historique de cette musique emblématique. Aucun artifice ici : les guitares sont puissantes, la rythmique est maîtrisée, et les lignes de chant sont rugueuses, rappelant la voix d'Eddie Vedder. Pourtant, Somewhere City ne se contente pas d'imiter la référence, mais va bien au-delà en proposant une orientation plus dense et personnelle.
La structure même de l'album contribue à cette expérience immersive. À mesure que l'album progresse, les compositions s'allongent, laissant place à des développements instrumentaux clairs-obscurs. L'apogée est atteinte avec l'enchaînement captivant de 'Hopes And Dreams' et 'Décember Soul', alternant entre une composition dynamique et groovy aux riffs tentaculaires, et un morceau conclusif plus sombre mais conduisant vers la lumière dans ses dernières minutes.
Les arrangements hargneux et colériques sont présents dès l'ouverture avec 'The Fallen One', mais Somewhere City ne se contente pas de cela. L'album explore des atmosphères variées, empreintes de progressivité ('Hero', rappelant l'influence d'Alcest), des breaks incandescents ('A Million Nights' superbement construit) et même l'utilisation audacieuse du français dans 'Lost In Somewhere City', évoquant le timbre d'Alain Bashung. Le groupe démontre également sa capacité à être direct et efficace avec des morceaux tels que 'Better', ajoutant ainsi une diversité bienvenue à l'ensemble.
Avec "Cry", Somewhere City fait sensation en livrant un album de grunge et de rock alternatif remarquable, affirmant déjà sa singularité en se libérant des influences américaines. C'est indéniablement un véritable coup de maître, témoignant du talent authentique de ce groupe qui a tout pour devenir exceptionnel.