Glenn Snelwar, ou l'art de l'experimentation musicale...
Après un premier opus instrumental très border-line salué par les critiques pour son inventivité, l'artiste (le mot n'est pas volé...) passe une seconde couche légerement plus "classique" dans son approche en intégrant cette fois des parties chantées.
Cela dit, ne nous méprenons pas, tout auditeur non initié à ce type de projet sera à coup sûr dérouté. Inutile de vouloir classer ce délire collectif dans un registre particulier car l'initiateur de cet ovni joue sur tous les fronts avec, il faut bien le reconnaître, un certain talent.
Le guitariste et compositeur s'est cette fois ci entouré du bassiste -et chanteur pour l'occasion- Damon Trotta et de musiciens additionnels particulierement sonnés. Le collectif s'acharne donc à nous livrer pendant 56 minutes un melting-pot musical et progressif intégrant jazz, métal lourd, rythmes funkies et ambiances electroïdes, le tout guidé par une atmosphère sombre et à tendance ésotérique, comme en témoigne le titre de l'album.
Du point de vue qualitatif, difficile de se faire une opinion objective sans avoir au préalable laissé de coté toute pensée positive et tout a-priori musical.
Les deux premières compos, instrumentales, "Acts of god" et "911" ont la lourde responsabilité de nous mener progressivement d'une mélodie douce et légère à l'univers sombre et ultra réaliste des travers humains, 911 étant probablement une référence aux attentats du 11 septembre. L'atmosphère dominée par des roulements de tambours très militaires prend alors un tournant mélancolique qui, pour être apprécié, necessite une bonne dose de subjectivité et d'ouverture d'esprit. Les titres donnés aux compos instrumentales sont d'ailleurs révélateurs de l'esprit tourmenté de leurs créateurs : le dérangeant "Martyr" brille par la redondance de son thème musical et sa structure jazzy, tandis que "Choke loud" (littéralement "grand étouffement" !) se noie dans une succession de programmations et de samples pour finalement donner cours à une explosion de saturations electriques.
Une bonne moitié de l'album fait cependant la part belle au chant qui, loin d'être mis en avant de façon ostentatoire, est mixé de manière à se fondre dans la musique et lui insuffler spiritualité, émotion et lyrisme. Les vocalises sont souvent lointaines et plaintives ( "Ursa minor" et "Threads" ) ou encore travaillées avec de nombreux effets, comme dans "No place". Si le timbre de voix n'est pas désagréable et somme toute assez classique, il ne parvient toutefois pas à faire oublier d'indigeste "End in blue" dont l'experimentation et les distortions sonores brûlent encore mes oreilles...
L'album se termine plus calmement, avec un "Refugee" à la mélodie plus perceptible et un hommage (?) au divin à travers la reprise heavy de " oh when the saints...", classique du gospel US.
Libre à chacun donc, de qualifier cet exercice de style de "grand n'importe quoi" ou de "géniale démonstration avant-guardiste". Même si la longueur générale des titres plombe parfois l'inventivité, les plus eclectiques d'entre nous et ceux que le jazz experimental à tendance suicidaire ne rebute pas y trouverons sûrement un plaisir coupable.