Cinq ans après la publication de "Order In Decline", Sum41, le plus Canadien des surfeurs punks californiens, retrouve le soleil des projecteurs. Peut-être pour la dernière fois, car le chanteur Deryck Whybley avait précisé que ce présent album serait le dernier enregistrement studio du groupe, qui mettra un terme a ses activités à l'issue d'un concert à Paris à La Défense Arena. Autant finir sur une bonne note pour une formation qui a égayé la jeunesse de certains de nos lecteurs.
En plus de ses influences punk partagées avec ses collègues Good Charlotte, Simple Plan, Green Day ou encore Blink 182, Sum 41 a toujours mis en avant des sonorités plus proches du heavy metal. Dave Baksh, le guitariste, est un ardent fan d'Iron Maiden. Lorsqu'il avait claqué la porte, le groupe s'était concentré sur une formule plus power pop. A son retour au bercail, le metal faisait également son retour. Ces deux principales influences sont l'enjeu de cet album divisé en deux faces.
La première face se concentre donc sur un aspect plus punk. Les accords ensoleillés qui ouvrent 'Waiting On A Twist Of Fate' sont reconnaissables entre mille et nous font revenir directement aux heures glorieuses de "Half Four Of Power" ou "All Killer No Filler". Le groupe appose sa marque de fabrique sur les morceaux avec notamment des ‘Oh Oh Oh’ et des refrains imparables ('Landmines', 'Future Primitive'). La guitare est incisive, le chant est toujours nerveux et énervé (énervant, diront les détracteurs) mais capable de subtilités. Nous avons même droit à la ballade classique 'Radio Silence'. Les morceaux s'enchaînent les uns aux autres avec allégresse et comme d'habitude, nous avons la (fausse) impression que ceux-ci peuvent tous se ressembler et s’avérer très homogènes, une sensation que l'on peut éprouver sur les albums précédemment cités et partagés par des groupes du même acabit. Sum 41 fait ce qu'il sait faire de mieux sans surprendre aucunement son auditeur et sans bouleverser son esthétique.
La deuxième face -le fameux ‘Hell’ du titre- a voulu placer la barre un peu plus haut et se lancer a l'assaut des sommets du heavy metal. Le son s'alourdit, l'ancien compagnon d'Avril Lavigne crie un peu plus, mais la voix claire prédomine toujours. 'I Don't Anyone', 'It's All Me' ou 'You Wanted War' s'avèrent assez jouissives, les Canadiens semblant comme des poissons dans l'eau dans ce genre qui fait partie de leurs inspirations. Le guitariste s'en donne à cœur joie, s'octroyant quelques soli vertigineux et la section rythmique adoptant un esprit proche du marteau piqueur. Les Canadiens ont même coloré 'Painted Black' avec un peu plus de noirceur dégoulinante, mais le morceau reste un peu trop fidèle à l'original, comme si les gars de l'Ontario n'avaient pas trop voulu salir Mick Jagger et sa bande. Avec des chansons longues de 3 minutes, il est un peu difficile de construire des atmosphères voire de surprendre, et le metal de Sum 41 reste un peu trop rentre-dedans, manquant de verticalité. Par ailleurs, la division nette dessert quelque peu l'album, il aurait peut-être été plus heureux de proposer un peu moins de punk et un peu plus de heavy. Mais est-ce que les fans auraient suivi un groupe qui se serait alors coupé de ses racines ?
Malgré ses 55 minutes, le nouvel et ultime album de Sum 41 se révèle assez fidèle à l'esprit du groupe, en empruntant plus frontalement la voie du metal que sur le précédent opus. Espérons toutefois que les Canadiens reviennent sur leur décision car Sum 41, c'est cet ami excentrique et un peu bruyant avec lequel on passe des soirées mémorables tout en sachant à l'avance à quoi les conversations vont ressembler. C'est soudain lorsque cet ami décide de s'absenter trop longtemps que nous nous rendons compte combien il nous manque !