Les pionniers du death mélodique suédois auraient pu porter un nom prédestiné si tout le monde avait montré autant de loyauté que Mikael Stanne, chanteur originel. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que la vie de Dark Tranquillity n’est pas un long fleuve tranquille. En effet, au rythme auquel les musiciens vont et viennent, le groupe de Göteborg n’a pas l’air d’être adepte de la tranquillité : les années de confinement ont eu raison de la relative stabilité du groupe et depuis leur dernier album "Moment", le guitariste Nikolas Sundin a tiré sa révérence, juste avant que les membres originels du groupe, le batteur Anders Jivarp et le bassiste Anders Iwers n’annoncent également leur départ. Six mois plus tard l’ex-guitariste Fredrik Johansson décédait d’un cancer. Certes, il ne faisait plus partie du groupe, mais sa disparition n’a pas laissé indifférent. Peu en a fallu ensuite pour que le guitariste fraîchement arrivé, Chris Amott, ne décide à son tour de partir malgré sa participation à un seul album du groupe.
On aurait pu croire l’histoire de Dark Tranquillity terminée, mais c’était sans compter la persévérance de Mikael Stanne et de son acolyte de 25 ans (sur les 35 du groupe), le claviériste Martin Brandstrom, les deux highlanders suédois ayant remonté une équipe de choc en s’associant à Joakim Strandberg Nilsson aux fûts, Christian Jansson à la basse et Johan Reinholdz, ex-Andromeda à la guitare.
La saga Dark Tranquillity n’étant pas de tout repos, on aurait pu craindre qu’on nous serve de la musique raccommodée ou au moins à une évaporation de l’esprit initial du groupe. Mais si Dark Tranquillity, aussi célèbre soit il, n’a jamais réussi à atteindre le succès d’un In Flames dans le même genre, ce n’est pas vraiment mérité car le groupe a toujours réussi à se réinventer malgré les circonstances. ‘Shivers and voids’, le morceau introductif met les pendules à l’heure sans perdre de temps. Le titre a beau être court (3:46), comme la plupart des autres d’ailleurs, on sait immédiatement où le groupe veut nous emmener. Et le résultat est à la hauteur des espérances.
‘A Bleaker Sun’ est l’un de ces morceaux qui fait que Dark Tranquillity sait exploiter ses éclairs de génie. Le titre démarre sur un riff accrocheur, puis enchaîne sur un phrasé mélodique magnifique avant de déposer l’auditeur sur un refrain totalement libérateur. On se délecte de cette progression, d’autant que le solo proposé est sublime lui aussi. ‘Neuronal fire’ est une belle illustration de la définition du death mélodique par Dark Tranquillity. C’est rythmé, mélodique, ça hurle, ça accélère sans impression de vitesse et le morceau fait place au suivant sans qu’on s'en soit rendu compte. ‘Drowned out voices’ n’est pas sans rappeler In Flames avec ses airs neo metal, du moins sur le riff d’ouverture. On hoche la tête, on tape du pied, le morceau est placé idéalement pour redonner de l’élan à l’album.
"Endtime Signs" est un très bon album, qui a d’autant plus de mérite qu’il est interprété par un line-up nouveau, composé pour l’occasion. Cela étant dit, avec tout le respect pour les compositions et le plaisir procuré à les écouter en boucle, il n’est pas certain que l’album arrive à laisser une trace indélébile dans le paysage musical actuel. Malgré tout, on peut être curieux du set que le groupe proposera en concert car de nombreux titres sont bel et bien taillés pour la scène. Espérons désormais que le groupe trouve enfin un peu de stabilité après cet épisode chahuté.