蘇醒 "II: Frailty" est le deuxième album du groupe de métal pékinois OU. Peu de chance que l’œuvre passe inaperçue, d’abord pour son originalité. En effet excepté dans la musique spécialisée (K-pop, J-pop ou musique folklorique) on entend rarement autre chose que du chant occidental dans le metal. Ensuite, la production et le mixage sont signés Devin Townsend. Quel rapport entre Devin Townsend et du metal chinois, vous direz-vous? OU est la preuve que la musique, le metal en l’occurrence, s’affranchit des frontières. Le made in China n’est plus péjoratif, et c’est une bonne chose.
Pour attirer l’attention de Devin Townsend, il ne faut pas lésiner sur les efforts, l’artiste canadien étant tellement occupé qu’il refuse d'ordinaire l’immense majorité des propositions de collaboration. D’ailleurs, ce passionné de musique avoue qu’en vieillissant, il se lasse désormais à vitesse grand-V en écoutant la musique qui se fait aujourd’hui. OU a donc réussi la prouesse non seulement de susciter son intérêt, de le faire participer sur certains morceaux, mais carrément de lui faire mixer et produire leur album.
Le morceau introductif éponyme ‘Frailty’ donne le ton, bourré d'énergie, doté d’un refrain tout en harmonies hypnotiques. Le deuxième morceau ‘Purge’ n'est pas moins intéressant, d'abord parce qu’il est l’objet de la participation de Devin Townsend en personne, mais aussi pour son rythme particulièrement accrocheur, ses teintes de djent, et ses phrasés de clavier rappelant un thème énigmatique de “Strangers Things” par certains égards (cf à 3min)
Ensuite, l’album se diversifie, ce qui lui donne encore davantage d’originalité, au risque de perdre un peu l’auditoire, mais de ne pas lasser Townsend. Ne vous attendez en effet pas à un album de metal de bout en bout. On peut avoir alternativement l’impression d’écouter le générique d’un dessin animé, du Mylène Farmer accompagnée de riffs saturés, du metal contemporain, le tout en rappelant toujours l’univers de Devin Townsend (‘Spirit Broken’ aurait pu être composé par lui). Assez vite, en écoutant l’album, on comprend l’intérêt que ce dernier a pu porter à ce groupe encore méconnu sur notre continent : le registre de OU est en fait le même que le sien.
La musique de OU est une invitation au voyage, non pas dans les contrées chinoises, car même si le chant est couleur locale, les 45 minutes de l’album défilent sans même s’en rendre compte. Il s’agit plutôt d’un voyage aux confins de la musique, alternant moments d’une intensité extrême et nappes reposantes au dernier degré.
"Frailty" est une belle surprise, mais si l’univers de Devin Townsend n'est a la base pas votre tasse de thé au jasmin, il y a peu de chances que OU vous plaise...