ISSA: Another World (A.O.R.) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Alors que nous ne l’espérions plus, Issa nous avait offert un "Lights Of Japan" rassurant et porteur de nouveaux espoirs pour la diva norvégienne. La présence de son époux, James Martin, semblait y être pour beaucoup et l’arrivée du frère de ce dernier dans le groupe ne peut que nous encourager à croire en une confirmation avec le nouvel album intitulé "Another World". Même si le mastering reste confié à Alessandro Del Vecchio, les Martin Bros prennent également en charge la production pour une galette censée rendre hommage à l’AOR des années 80. Programme alléchant donc, même s’il peut aisément se révéler casse-gueule.

Et le fait est que ces pressentiments semblent devoir se confirmer avec une paire de titres lançant cet opus sur des bases particulièrement intéressantes. Effectivement très typés AOR des 80’s, le plus musclé ‘Armed & Dangerous’ et un ‘All These Wild Nights’ légèrement popisant et aux accents dignes de Vixen, se révèlent accrocheurs avec des refrains qui s’incrustent directement dans les neurones, de jolis soli et des mélodies euphorisantes. Voilà qui aurait sans aucun doute cartonné sur les ondes FM des années 1980. Malheureusement, la suite ne propose que de rares exceptions à ce qui pourrait s’apparenter à une désillusion à la hauteur des perspectives pourtant entrevues. Seuls ‘The Road To Victory’ et ‘The Hardest Fight’ réussissent à échapper au naufrage en reprenant les éléments qui avaient laissé croire au passage tant espéré en division supérieure.

Pour le reste, nous tombons de Charybde en Scylla à grands coups de ballades datées à la limite du soporifique (‘Only In The Dark’), d’effets ridicules (le rire sensé être inquiétant de ‘Never Sleep Alone’), de batterie synth-pop du plus mauvais goût (‘Another World’) et de riffs poussifs (‘Got A Hold On Me’). La plupart des refrains n’accrochent pas, la batterie triggée devient rapidement pénible et Issa retombe régulièrement dans ses travers de diva démonstrative aux dépens de l’intérêt des morceaux. Même si la bonne volonté est clairement présente et que l’énergie déployée et quelques soli intéressants font un peu mieux passer la pilule, la déception est à la hauteur des espoirs qu’avait fait naître "Lights Of Japan".

En n’ayant pas réussi à doser les éléments nécessaires à la crédibilité de son hommage à l’AOR des années 80, Issa manque une nouvelle fois la marche qui aurait dû la faire passer à l’échelon supérieur. Malgré la sympathie qu’elle peut faire naître chez de nombreux amateurs du genre, la Norvégienne semble définitivement condamnée à stagner en seconde division et il se pourrait bien que cet "Another World" soit le chant du cygne pour cette artiste qui avait pourtant en main tous les éléments pour s’affirmer comme une leader d’un style dont les terres scandinaves sont d’ordinaire de grandes pourvoyeuses.

ISSA

ANOTHER WORLD

FRONTIERS RECORDS

A.O.R.