TERAMAZE: Eli – A Wonderful Fall From Grace (METAL PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Il a fallu attendre dix-huit mois avant de retrouver Teramaze après son excellent "Flight Of The Wounded", une éternité pour les suiveurs des Canadiens qui avaient, entre 2019 et 2022, proposé pas moins de cinq livraisons. "Eli : A Wonderful Fall From Grace" se propose aujourd’hui d’assouvir leur soif d’impatience. Saura-t-il récompenser cette fiévreuse attente en atteignant le niveau de son prédécesseur, voire le dépasser ? Le défi s’avère ardu, mais il est permis de garder espoir au vu du savoir-faire de ce combo de plus de trente ans d’âge.

Teramaze s’est assagi depuis une dizaine d’années. Plus précisément depuis "Anhedonia" en 2012 où le combo a abandonné son premier patronyme – Terrormaze – et son thrash prog pour un metal prog plus assimilable. Le nouvel album voit le retour de l’ancien frontman Nathan Peachey qui avait quitté ses petits camarades en 2015. Le guitariste Dean Wells, père fondateur de la formation, s’était par la suite emparé du micro. Il accompagne tout de même ici son compagnon retrouvé pour quelques joutes calibrées. Huit titres sont proposés sur cet opus de près d'une heure. Deux d’entre eux étant des interludes d’une minute au compteur, il est aisé d’imaginer que les tendances progressives sont toujours à l’honneur. Les Australiens ont l’habitude de soigner leurs mélodies, et les six morceaux majeurs en proposent des myriades. Majestueux et tout en sensibilité, ils représentent aujourd’hui l’essence-même du groupe, combinée à la richesse des compositions offertes. "Eli : A Wonderful Fall From Grace" représente semble-t-il la troisième partie du "Triptyque de Halo" après "Her Halo" (2015) et "Sorella Minore" (2021). Teramaze y développe un metal prog à l’ancienne digne des premiers efforts de Dream Theater. Virtuosité et harmonies vocales entraînent l’auditeur dans un voyage contemplatif strié d’envolées parfois atmosphériques de six-cordes, souvent proches de l’onirisme.

Sur 'The Will Of Eli', les voix tour à tour douces puis conquérantes, rendent cette pièce immédiatement addictive. Quant aux parties instrumentales, elles virevoltent entre soli progressifs musclés, guitare latine acoustique du plus bel effet et partie chimérique à la Pink Floyd. 'Step Right Up' dispose de riffs métalliques tonitruants et d’un refrain empli d’emphase. L’aspect percutant de la première partie est compensé par un long passage floydien, avant que la puissance initiale propulse le morceau hors de cet éther. 'Madame Roma' est le passage le plus lourd de l’œuvre, les interventions en growl y survenant presque naturellement. L’influence orientale ponctuelle, les soli fort mélodiques teintés Dream Theater époque 'SFAM', et les envolées finales éblouissantes équilibrent avec précision l’ouvrage. 'Standing Ovation' nous la fait plus court – moins de six minutes (!) – et plus rythmé : riff monstrueux, solo de synthé, énergie et dextérité à tous les étages, dont acte. La ballade 'Hands Are Tried' est d’une sensibilité rare, le piano y est remarquable d’élégance romantique. Plage parfaite pour une conclusion, la composition est néanmoins suivie par la pièce éponyme. D’une durée jouissive de quatorze minutes, elle est l’archétype du style teramazien et voit l’apparition aussi étonnante que déchirante d’un saxophone.

"Eli : A Wonderful Fall From Grace" est un album de toute beauté. Les Australiens tiennent là leur œuvre majeure, leur "Scenes From A Memory". D’une puissance apaisante surprenante, complexe tout en restant d’une accessibilité addictive, cette œuvre mérite une kyrielle d’écoutes, chaque découverte en amenant à une autre. Dans le genre, le disque de l’année est peut-être déjà dans les bacs.

TERAMAZE

ELI – A WONDERFUL FALL FROM GRACE

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METAL PROGRESSIF