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"Quand tout semblait achevé, David Gilmour revient avec "Luck And Strange" où l'émotion douce-amère laisse entrevoir un possible adieu, sans certitude, mais avec beaucoup de grâce."
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4/5
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Nous avions quitté David Gilmour avec "Rattle That Lock" en 2015, un album que beaucoup pensaient être le dernier témoignage en studio du maître de la guitare. Pourtant, la pandémie a bouleversé bien des certitudes, y compris celles de Gilmour lui-même. Face à cette situation sans précédent, le musicien a ressenti le besoin impérieux de reprendre la parole musicale, comme pour livrer un dernier baroud d'honneur. Et cette fois, il a placé sa famille encore plus au cœur de son nouveau projet. Polly Samson, sa compagne de toujours, s'occupe encore et toujours des textes, sa fille Romany prête sa voix cristalline et envoûtante tout en jouant de la harpe, tandis que son fils Gabriel s'invite également sur ce disque profondément intime, intitulé 'Luck And Strange'.
Le titre même de l'album résonne comme une dualité émotionnelle : une reconnaissance de la chance d'être encore en vie, et un sentiment étrange, presque déroutant, d'être toujours là, comme figé dans une parenthèse temporelle. Cet album se présente ainsi comme une synthèse élégante, un résumé de tout ce que David Gilmour a pu créer et offrir tout au long de sa carrière. Mais il va plus loin encore, en confrontant cette gratitude à l'ombre d'une absence, celle de Richard Wright, son frère d'armes musical. L'esprit de Wright flotte sur plusieurs morceaux de cet opus, comme une présence discrète mais indéniable, une force invisible qui guide les doigts de Gilmour sur ses cordes.
L'incertitude persiste quant à savoir si cet album sera vraiment le dernier – et il semble que chaque accord, chaque souffle nous en rapproche. On le ressent profondément dans la voix de Gilmour, désormais plus voilée, plus fragile, surtout quand elle est poussée dans ses retranchements émotionnels, comme sur le titre éponyme. Les chœurs, discrets mais bienveillants, cachent parfois ces faiblesses, mais est-ce là le cœur de l'œuvre ? Non, l'essentiel réside dans cette grâce encore intacte, ce don inaltéré de transmettre des émotions avec quelques notes subtiles, de faire vibrer l'âme d'une manière que peu savent faire. Son jeu de guitare, toujours aussi délicat, ses arrangements toujours aussi raffinés, témoignent d'une maîtrise intacte.
"Luck And Strange" regorge de références subtiles à son passé. Des échos de "The Piper At The Gates Of Dawn" résonnent dans 'The Piper’s Call', et l'ambiance douce-amère de 'A Single Spark' rappelle par moments celle de l'album "On An Island". Mais ce disque n'est pas qu'une simple collection de souvenirs ou d’hommages nostalgiques : il est aussi tourné vers l'avenir, vers le partage et la transmission. On en trouve une illustration parfaite dans le duo avec sa fille Romany sur 'Between Two Points' (introduit par le court instrumental 'Vita Brevis' à la harpe), une reprise des Montgolfier Brothers. Pour cette relecture, la dream pop se dénude pour révéler un instant de pure émotion, où la voix de Romany, pleine de grâce et de fragilité, et la guitare de David s'harmonisent de manière envoûtante.
Si les morceaux s'articulent autour d'une structure classique de couplets-refrains et solo du maître, cela n'enlève rien à la beauté de l'ensemble. David Gilmour choisit de conclure ce chapitre musical de fort belle manière avec 'Scattered', un morceau magistral, tout en progression, capable d'arracher des larmes tant il évoque une dernière révérence, un adieu en suspens. Chaque note, chaque respiration semble empreinte d'une intensité poignante, comme si ce disque représentait l'ultime confession d'un artiste légendaire. Et pour prolonger l'expérience, Gilmour nous offre même en bonus un dernier cadeau : une version jam de 15 minutes de 'Luck And Strange', véritable invitation immersive, un moment suspendu qui rapproche encore un peu plus les fans de l'artiste.
Oui, ce nouvel album n'est pas sans défaut avec une voix marquée par les années et des compositions parfois en terrain connu. Mais cela importe peu. "Luck And Strange" est un testament bouleversant, une ultime offrande d'une carrière exceptionnelle, un précieux cadeau pour tous ceux qui sont sensibles à une musique où l'émotion est reine.
Plus d'information sur
http://www.davidgilmour.com/
LISTE DES PISTES:
01. Black Cat 02. Luck and Strange 03. The Piper's Call 04. A Single Spark 05. Vita Brevis 06. Between Two Points 07. Dark and Velvet Nights 08. Sings 09. Scattered
FORMATION:
David Gilmour: Chant / Guitares Adam Betts: Batterie / Invité Gabriel Gilmour: Invité / Choeurs Guy Pratt: Chant / Basse / Invité Richard Wright: Claviers / Invité Rob Gentry: Claviers / Invité Roger Eno: Claviers / Invité Romany Gilmour: Chant / Guitares / Invité Steve DiStanislao: Batterie / Invité Steve Gadd: Batterie / Invité Tom Herbert: Basse / Invité
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(3) AVIS DES LECTEURS
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Une bien belle offrande que ce délicieux album tout en douceur, idéal pour une écoute automnale.
On retrouve bien entendu toute la palette sonore du jeu de guitare du maestro, des accents bluesy initiaux jusqu'aux soli les plus flamboyants.
Et la touche féminine apportée par Romany colore un peu plus le spectre mélancolique, tel un bilan d'une carrière à ce jour encore inachevée (d'autant qu'un successeur est d'ores et déjà annoncé).
Quant à 'Scattered', que dire ... c'est du niveau de 'High Hopes' ou encore 'On the Turning Away'.
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Le nouvel album de David Gilmour me laisse la même impression que le dernier en date de Deep Purple ("=1") : c’est bien fait, bien interprété, bien produit mais il n’y a aucune surprise, ni bonne, ni mauvaise. Gilmour est là où on l’attend, sans innovation ni prise de risque, enchaînant des titres soft rock léchés dont il est coutumier. Ses solos de guitare sont toujours aussi bienvenus, même s’ils sont peut-être plus rares qu’à l’habitude.
‘Scattered’ est de loin le meilleur titre, le seul qui procure à l’auditeur un peu d’émotion. Le reste de l’album s’écoute certes plaisamment mais sans frisson, idéalement juste avant le coucher, son contenu apaisant étant propice à l’endormissement. "Luck and Strange" n’ajoute ni ne retranche rien aux qualités de Gilmour. C’est un album honnête et agréable, sans plus.
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J’étais impatient d’écouter “Luck And Strange” que David qualifiait lui-même comme un de ses meilleurs albums, même si j’ai appris à me méfier des discours relatant le “meilleure chose que j’ai entendue”. “Luck And Strange“ est un album chanceux je ne sais pas, mais étrange certainement. L’anglais garde ses intentions vaporeuses, apporte son lot de climats acoustiques et d’ambiances éthérées sans ajouter la pointe de rock - ou à de rares exceptions (‘The Piper’s Call’) - dont il est friand. C’est mou et même lorsque l’avion décolle, c’est avec une certaine mollesse. Le décollage plein gaz est rare (‘Dark Velvet Nights’). On attend, on attend...
Certes l’anglais à toujours aimé les climats vaporeux et les tissus sonores diffus et lisses, mais il savait intercaler des giclées de hard blues dont il a le secret, des passages mordants comme sur ‘Biding My Time’ ou ‘On The Turning Away’.
Certes le geste est beau de mettre en lumière le génie de Rick Wright, certes le geste est louable de transmettre le flambeau rock aux futures générations (ses enfants notamment), mais on a l’impression que même avec ses louables intentions, il manque une dose d’idées et d’inspiration.
Est-ce le syndrome Queen, Beatles ou Dire Straits, qui fait que la somme de ses parties n’est pas égale aux parties, que chaque membre séparément n’a jamais atteint de génie du groupe ?
Peut-être en vendant ses guitares iconiques - notamment sa stratocaster noire - il a vendu avec elles son mordant et son appétit des cassures qu’il comblait avec brio de lignes de guitares gorgées de fuzz conduisant à l’extase.
Le disque frise par instants la musique d’ascenseur, décolle rarement. Certes il reste des solos brillants, dont la réputation précède l’exécution. Je m’explique : le guitariste est catégorisé guitar hero et pour cela le moindre note issue de sa six-cordes est une transcendance que personne n’ose ou ne veut critiquer. Or le disque livre des phrases déjà entendues presque des automatismes, issues de ses albums passés (‘Scattered’ très beau certes, mais qui fait largement penser à ‘Marooned’), comme un patchwork de ses exploits guitaristiques. Il reste la voix encore vive, qui sait se faire crasseuse au besoin, enjôleuse ou charmeuse et rock parfois ; un chant est toujours aussi poignante malgré les années (‘Scattered’).
Il reste donc le souvenir de ce qui a été, de ce qui n’est plus. C’est ce sentiment qui plane sur le disque. Voici un disque sympathique, plaisant et lisse agréable à écouter, qui manque parfois de pêche. Malgré ma déception et mon avis mitigé, j’ai aimé les quelques guitares mordantes, les rythmes rock rares et timides, les mélodies ou la chanson ‘Yes I Have Ghosts’ dans la lignée de Dylan, Springsteen ou... Roger Waters.
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(6) COMMENTAIRE(S)
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N'étant d'aucune espèce d'objectivité concernant David Gilmour, je ne vais pas bouder mon plaisir... Même si, effectivement, la voix du maître n'a plus la consistance de ses vertes années, est ce bien important ? musicalement parlant, quel plaisir !!!! le jeu de guitare est toujours là et bien là dans cette oeuvre familiale et poétique dont je ne me lasse pas depuis que le facteur a eu la bonne idée de déposer le CD dans la boite. alors oui, certes, aucune surprise dans ce nouvel opus mais c'est bien ce que l'on cherche quand on est fan absolu et inconditionnel depuis toujours... je terminerai en souhaitant que DG nous régale encore et toujours, pour longtemps
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Un bel album, profond. Meilleur et plus cohérent que Rattle That Lock.
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À écouter parce que c’est Gilmour, mais dans l’ensemble, je trouve cet album paresseux et assez déprimant. Les icônes ne devraient pas s’exposer comme de simples mortels. C’est ce que fait pourtant Gilmour avec ce disque et, personnellement, je préfère garder intactes les émotions du passé, plutôt que de les voir se diluer dans une litanie sans relief. Heureusement que le solo de ‘Scattered’ nous redonne un peu, pendant deux petites minutes, de ce souffle épique qui fut jadis la marque de fabrique du guitariste. Pour le reste, Gilmour se "knopflerise" depuis bien trop longtemps maintenant.
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En espérant que Tony ait raison et qu'il puisse se rattraper en chroniquant le prochain qui lui est passé sous le nez...
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Superbe chronique... cela donne envie d'écouter le disque.
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LECTEURS:
4.1/5 (10 avis)
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STAFF:
3.7/5 (9 avis)
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