Formé en 2013, The Stranger avait fait parler de lui en 2017 avec son premier album éponyme. Quatre années plus tard, le quintet australien revient pour confirmer le potentiel entrevu sur son premier effort.
Comme son nom l’indique, "Kaleidoscope" est dense, incroyablement riche, et s’apparente à un condensé du meilleur du metal progressif moderne dans lequel on peut retrouver les influences aux références actuelles du genre que sont Leprous, Haken, Caligula's Horse… Mais résumer The Stranger à ces seules influences, aussi flatteuses soient-elles, ne serait lui rendre honneur qu’à moitié, car la force des Australiens réside dans leur capacité à proposer une musique d'une variété subtile.
La prestation vocale de Tom Frayne à la tessiture entre Ross Jennings (Haken) et Jim Grey (Caligula’s Horse) est clairement un des points forts du groupe (‘The Gemini’). Les voix screams ne sont jamais utilisées en abondance (‘Creatures in the Canopy’), mais plutôt de manière stratégique, ajoutant une dose supplémentaire d’énergie sans jamais paraître déplacées. Mieux, pour les personnes qui n'aiment pas les voix gutturales, cela pourrait étonnamment bien fonctionner - comme si le Diable en personne avait secrètement glissé quelques grondements dans la mélodie. Les autres musiciens ne sont pas en reste : on sent que chaque note a été soigneusement choisie pour servir la composition globale. Rien n'est superflu : les riffs sont incisifs, les solos mélodiques même dans les brefs moments de shred, la batterie est précise, la basse se fond dans le décor mais vient parfois sur le devant de la scène quand il le faut. Pas de surenchère d'ego, tout le monde travaille pour le bien commun.
Ainsi, les compositions apparaissent finement ciselées. Certes, les fans acharnés de progressif seront sceptiques au contact d'un album dont aucun morceau dépasse sept minutes. Mais quantité n'est pas forcément gage de qualité, et The Stranger le prouve en condensant merveilleusement son propos pour n'en garder que l'essentiel. Il en ressort un album sans aucun temps mort, chaque morceau regorge d'innombrables idées (‘Jester’) et s'enchaîne harmonieusement pour créer une expérience d'écoute captivante et d’une fluidité remarquable.
Enfin, The Stranger conserve une identité sonore distincte et facilement reconnaissable. Cette polyvalence naturelle est ce qui sépare les bons groupes de progressif des exceptionnels. Avec "Kaleidoscope", The Stranger prétend assurément à faire partie de la seconde catégorie. Décidément le metal australien est la scène à suivre actuellement, et The Stranger est un nouveau nom a ajouter à la liste des groupes prometteurs de la nouvelle vague metal progressive qui représentent l’avenir du style en question...