NIGHTWISH: Yesterwynde (METAL MELODIQUE) : avis / chronique à lire sur Music Waves

En ce début d'automne, Nightwish sort son dixième album studio intitulé "Yesterwynde". Selon Tuomas Holopainen, son créateur, c'est le troisième volet d'une trilogie dédiée à l'homme et à la nature après "Endless Forms Most Beautiful" en 2015 et "Human. :II: Nature." en 2020. Comme le suggèrent le titre et l'artwork, il est question ici du rapport de l'homme au temps au cours de son histoire.

Pas de franche rupture avec les albums précédents donc ? Pas si sûr... À commencer par le mixage qui laissera perplexe les amateurs du groupe, qui les avait habitués à un son clair et équilibré mettant en avant chaque instrument pour magnifier la voix exceptionnelle de Floor Jansen. Le mix proposé sur ce cru 2024 est quelque peu étonnant car il noie souvent le chant derrière un mur d'arrangements symphoniques et d'instruments, au détriment de l'atout majeur du groupe depuis 10 ans. Est-ce que Holopainen a voulu désacraliser l'iconique Floor pour mettre le groupe entier en avant ? Peut-être, mais il en résulte une impression un peu brouillonne qui ne colle pas avec la grandiloquence habituelle du son Nightwish.

Les similitudes musicales restent visibles sur des titres comme 'Sway' qui rappelle immédiatement 'How's The Heart' sur l'opus précédent avec les voix de Troy et Floor mêlées dans une douce ballade, ou encore sur 'Perfume of the Timeless', titre puissant et épique dans la lignée de 'Storytime'. Les chœurs d'enfants sur l'intro de 'An Ocean Of Strange Islands' lorgnent clairement du côté de "Imaginaerum" comme le reste du morceau si épique soit-il. La musique composée par Tuomas regorge toujours d'arrangements symphoniques très réussis mais les parties de guitares sont globalement en recul depuis deux albums et la nuance est encore plus marquée sur ce "Yestrwynde", Emppu étant la plupart du temps cantonné à un rôle rythmique pour accentuer les morceaux les plus enlevés.

Heureusement, Nightwish nous propose des nouveautés dans l'écriture et l'interprétation avec des sonorités originales comme 'The Day Of...' avec son groove disco eighties. Pas illogique quand on sait que le titre aborde les thèmes du "1984" de George Orwell. Dans un autre registre, Holopainen nous raconte une histoire forte de symbolique avec "The Children of 'Ata' sur le thème des peuples attachés à leur terre avec pour décor les îles Tonga. Sur 'The Antikythera Mechanism', Tuomas image le parcours la merveille d'ingénierie antique qu'est la machine d'Anticythère, plus vieux mécanisme à engrenage connu datant de l'aube de notre ère, sur fond de metal progressif épique.

Il n'y a pas moins de quatre morceaux calmes, ce qui en fait l'album de Nightwish le plus fourni de ce côté. La plus marquante étant le conclusif 'Lanternlight' qui en plus d'être magnifique a le mérite de clore l'album (et la trilogie) sur une note mélancolique. Ils sont également des titres sur lesquels la voix de Floor Jansen se fait plus grave qu'à l'habitude, renforçant l'aspect plus sombre de cet album. Un mot enfin sur l'un des moments les plus épiques avec le titre phare 'Hiraeth', fresque progressive qui synthétise tout ce que Nightwish peut produire de plus progressif et intriguant, transportant l'auditeur au cœur de sa musique.

"Yesterwynde" n'est pas le plus percutant des albums de Nightwish et il risque de diviser, comme le font souvent les projets les plus ambitieux. Il est pourtant certainement le plus progressif des leurs derniers albums avec une variété, certes parfois prévisible voire répétitive, mais néanmoins d'une écriture audacieuse et aux ambiances intrigantes. C'est aussi le premier album sans Marco Hietala et sa puissance fait défaut aux passages les plus enlevés qui manquent de mordant. Quant au mixage surprenant, il pourrait finir de décourager les moins assidus. Pourtant, de nombreuses écoutes seront nécessaires pour saisir les (très) nombreuses subtilités progressives de ce "Yesterwynde" qui pourrait trouver un succès grandissant au fil des mois ou années à venir.

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