CHARLOTTE WESSELS: The Obsession (METAL MELODIQUE) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Les premiers pas de Charlotte Wessels en dehors du vaisseau mère Delain avaient été réussis malgré quelques couacs. La belle Hollandaise volante nous avait proposé un aperçu de son univers sombre et enchanté sur son premier album "Tales from Six Feet Under". Si certaines pistes manquaient de consistance, le deuxième volume sorti l'année suivante réussissait à corriger le tir et prouvait que Charlotte Wessels n'était plus l'ex chanteuse de Delain mais une artiste à part entière dotée d'une profonde compréhension du metal.

Pour ce troisième album intitulé "The Obsession", Charlotte Wessels a bâti une dream team composée d'anciens collègues. Timo Somers officie à la guitare, Otto Schimmelpenninck van der Oije à la basse, Joey Marin de Boer à la batterie, Elianne Anemaat au violoncelle, les quatre sont d'anciens Delain. Sophia Vernikov, qui débute dans le métier, officie aux claviers aux cotés de l'expérimenté Vikram Shankar. Ayant fait une apparition sur l'EP d'Epica "The Alechemy Project", Charlotte a renvoyé l'ascenseur à Simone Simons qui fait son apparition sur le morceau "Dopamine". Enfin, la Canadienne Alissa White-Gluz (Arch Enemy) est présente sur 'Ode To The West' après avoir été déjà conviée sur le premier album de la Néerlandaise. Sur les deux duos, les deux voix des interprètes se marient et se confondent à tel point que les deux chanteuses ne semblent n'en former qu'une seule (sauf lorsque Alissa use de sa grosse voix).

'Chasing Sunsets' prend un départ sur les chapeaux de roue, les aiguilles du metal sont dans le rouge mais le morceau offre plusieurs ralentissements de rythme avant de connaître de nouveaux tête-à-queue. Les fans de Delain ne seront pas dépaysés car la suite reste fidèle à cet esprit. Un metal brutal (Timo Somers s'autorise des soli aussi électriques que stratosphériques) côtoie un esprit plus symphonique et plus pop sans que cela ne mette en péril l'édifice comme sur 'Praise' qui se révèle un évident single. Comme sur les deux précédents, Charlotte Wessels opte pour des refrains clinquants, assez contagieux pour l'auditeur. Sa voix claire emprunte parfois des chemins vertigineusement aigus lorsqu'elle ne laisse pas sa rage éclater. Celle-ci se révèle en particulier sur les ballades faussement calmes ('All You Are', 'The Exorcism' sur laquelle elle finit par growler). À ce titre, le morceau le plus réussi est ce funèbre 'Soulstice', plein de tension retenue et qui se place directement dans la lignée des meilleurs morceaux dérangés de Kate Bush.

Paradoxalement, on pourrait reprocher à cet album de manquer quelque peu de surprises, les moments d'apaisement voient assez souvent des grosses guitares grandiloquentes venir déchirer la belle toile blanche ('The Crying Room' pourrait à ce titre servir d'autoparodie involontaire tandis qu' 'Ode To The West Wind' tourne un peu en rond). Cet album apparaît réussi toutefois un cran en-dessous du deuxième, qui avait davantage d'instants de folie sombre et d'explorations sonores à proposer (le violoncelle sur 'Breathe' aurait mérité un peu plus de temps de jeu). Et pour cause, certains morceaux s’arrêtent au moment où la frontière entre metal symphonique et progressif aurait pu être franchie.

Mais ne boudons pas notre plaisir, Charlotte Wessels prouve à nouveau qu'elle peut survivre en dehors du navire Delain. Sur ce troisième album, cette musicienne qui cultive sur son visage la barbarie tout autant que l'innocence semble nous prendre par la main et nous inviter à parcourir son jardin secret fait de bruit, de fureur mais aussi de délicats arpèges de poésie. Une réussite sans nul doute mais il faut espérer que la Hollandaise laisse la bride à une folie un peu plus expérimentale.

CHARLOTTE WESSELS

THE OBSESSION

NAPALM RECORDS

METAL MELODIQUE