Dååth est un groupe de death progressif américain qui a mis sa carrière entre parenthèses il y a près de 15 ans après avoir connu un succès relatif, assurant à son firmament les premières parties de groupes tels que Chimaira ou Unearth.
Après cette longue pause, le fondateur et guitariste du groupe, Eyal Levi, bien occupé par ailleurs à faire tourner ses écoles de guitare et de production musicale online, a finalement remis le couvert avec son groupe de cœur, Dååth, pour notre plus grand plaisir.
Le moins qu’on puisse dire c’est que ça valait la peine d’attendre aussi longtemps, puisque “The Deceivers” est de toute beauté. L’album est tellement riche que le genre death progressif est presque trop restrictif pour le qualifier. En effet, les réminiscences de djent voire de thrash sont très fréquentes au fil de l’album, et le groupe puise aisément dans les sources du death metal en risquant des incartades dans le prog clair cher à Pain of Salvation, enchaînant ensuite sur un énorme riff qu’aurait pu écrire Dimebag Darrell, avant d’atterrir sur une nappe épique à la Hans Zimmer. Aussi cet album a certes mis du temps à être accouché, mais son hétérogénéité et sa complexité tout en restant naturellement dans l’univers du death prog sont une petite merveille.
Le moins qu’on puisse dire c’est qu’on ne s’ennuie pas une seconde avec Dååth. Le groupe a d’ailleurs eu le bon goût de recruter l’excellent guitariste Rafael Trujillo (homonyme du bassiste de Metallica mais sans aucun lien de parenté) à la guitare lead et le résultat est assez bluffant. Et comme si cela ne suffisait pas, de nombreux guitaristes ont été en plus invités au fil de l’album, entre autres messieurs Jeff Loomis sur ‘Deserving of the grave’ ou Per Nillson (ex-Meshuggah et Scar Symmetry) sur l’épique ‘Silent Foray’.
Certes parfois, ça frise la démonstration de technique mais ça frise seulement, l’équilibre étant systématiquement trouvé pour accompagner la puissance colossale de chacun des morceaux. La base rythmique elle aussi est nouvelle puisque Kerim "Krimh" Lechner (ex-Decapitated, Septicflesh, Devin Townsend) à la batterie et David Marvuglio à la basse sont arrivés nouvellement dans la formation. Seul le chanteur Sean Zatorsky est un ancien si on peut dire, puisque membre de Dååth depuis 2009.
Pour apporter de la précision au propos jusqu’ici dithyrambique, accordons une mention spéciale à ‘With ill désire’ qui donnera assurément la chair de poule à quiconque l’écoutera assez fort et ‘Purified by Vengence’, morceau épique s’il en est, particulièrement représentatifs du travail de Dååth.
Un album à ne surtout pas manquer, au risque de passer à côté d’une pépite rare dans cet océan musical où on ne sait parfois plus où tendre l’oreille.