Depuis 2019 et malgré la parution de quelques singles au compte goutte, Combichrist semblait assoupi. Le flamboyant groupe américano-norvégien de metal industriel revient pourtant avec un double album qui, en raison d'une compression de voyelles, s'intitule "Cmbcrst".
Présenté à ses débuts comme un disciple de Rammstein qu'il a beaucoup accompagné sur scène, Combichrist se démarque toutefois du modèle allemand et lorgne plus vers Ministry et Front 242. Si la théâtralité est un élément que les deux groupes ont en commun, Andy LaPlegua ne cherche pas a singer le chant de Til Lindemann comme le font pléthore de formations et pour des résultats pas toujours convaincants. Ses interprétations se partagent entre un chant clair et un chant hurlé, une schizophrénie vocale qui fonctionne parfois au sein du même morceau ('Violence Solves Everything Part II'). La couleur du monde musical de Combichrist est évidemment noire, les guitares électriques saturées et les claviers servant de fanal pour ne pas y perdre pied à l'image de 'Compliance' sur laquelle plane le spectre ricanant d'Al Jourgensen ou 'Wolves Eating Wolves' au refrain anthologique.
L'enfer étant pavé de bonnes intentions, les rythmes se font trépidants voire dansants, comme sur 'Children Of Violence' qui allie fureur metal et dérangements electro/indus ainsi que sur l'efficace 'Not My Ennemy'. Parfois le groupe joue la carte de la surprise : 'D For Demonic' qui évoque Rosemary's Baby est une chevauchée avec le diable qui s’achève sur des arpèges ensoleillés de guitare acoustique tandis que le chant sur 'Northern Path' est plus détaché dans une ambiance de western crépusculaire. Toutefois, certains morceaux auraient aisément pu être retranchés car si le groupe fait évoluer sa formule, sa liste d'ingrédients est parfois trop lisible ('Heads Off', 'Violence Solves Everything Part I' apparaissent quelque peu caricaturales). L'album aurait mérité un meilleur équilibrage entre folie stylistique et noirceurs.
Le deuxième disque intitulé "The House In The Trees" est loin d'être anecdotique et nous offre une plongée en pleine horreur. Il se compose de pistes instrumentales atmosphériques avec des relents industriels et électro. Les basses poussées a l'extrême sur 'Fear The Dark' offrent leur dose de tension. 'Fear The Light' réussit l'exploit de nous laisser entendre une saturation des ténèbres. 'To Cast A Shadow' se remplit lentement d'angoisse avec l'aide d'une étrange mélopée. Le groupe prouve qu'il serait capable de réaliser la BO d'un film d'épouvante voire de retenter l'expérience de la bande sonore d'un jeu vidéo ('Devil May Cry').
Combichrist publie un dixième album au charme sauvage, carte de visite assez fidèle à l'esprit du groupe. Le deuxième disque nous ouvre une porte vers un enfer indus duquel peu reviendront. Espérons que la prochaine livraison sera également de haute volée mais qu'il ne faille pas attendre cinq années supplémentaires avant de pouvoir savourer cette musique déroutante en diable.