FREAK KITCHEN: Everyone Gets Bloody (HARD ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Depuis "Organic" en 2005, Freak Kitchen a clairement levé le pied en ce qui concerne le rythme des parutions discographiques, espaçant ainsi les sorties de quatre ou cinq ans. Depuis "Confusion To The Enemy", ce sont même six années qui se sont écoulées. Entre les cours qu’il dispense, son projet Freak Guitar et ceux d’autres artistes auxquels il participe, IA ne semble plus donner la priorité à son trio. De son côté, Christer Örtefors est devenu Christer Hysén en prenant le nom de son épouse, et a continué à développer son autre groupe intitulé Eaglestrike. Quant à Björn Fryklund, il s’amuse à jouer du Genesis des débuts avec son projet Lone Star Retractor. Autant dire que ce dixième opus des Suédois n’a pas concentré l’intégralité de l’énergie de ses participants.

Pourtant, que les amateurs se rassurent, ils retrouveront aisément la patte du combo de Gothenburg sur ce "Everyone Gets Bloody". Certains se plaindront même de la retrouver de manière trop prégnante et sans surprise. Il nous sera difficile de leur donner totalement tort malgré toute l’affection que nous avons pour nos trois déjantés. En effet, l’effet de stupéfaction n’est pas de mise cette fois, et même le grain de folie habituel semble avoir été canalisé. Les structures alambiquées et les rythmiques atypiques en sont presque devenues prévisibles et, malgré leur qualité et leur accroche immédiate, ‘Medal’ ou ‘Gravity Works’ semblent avoir déjà été entendus précédemment.

Ne nous fourvoyons pas, cet album est très loin d’être mauvais et il constitue même une excellente porte d’entrée dans le monde de nos doux-dingues préférés pour ceux qui ne les découvriraient que maintenant. Et puis Mattias et sa bande sont toujours capables de dégainer quelques bombes à fragmentation comme l’angoissant ‘Psy Co Op’, ou les coléreux ‘The Expert’ et ‘Pissing Contest’ qui viennent rappeler que Freak Kitchen sait comment dénoncer les dérives de notre monde avec son humour décalé. De son côté, ‘The Grief That Does Not Speak’ voit Christer pondre un des titres les plus noirs et lourds de la discographie du groupe.

S’il vient en grande partie combler le manque causé par les longues années d’absence du trio, "Everyone Gets Bloody" voit néanmoins Freak Kitchen resservir une recette dont l’efficacité et l’accroche ne masquent pas un léger goût de réchauffé. Les ingrédients restent parfaitement dosés et font encore preuve d’une belle efficacité, mais nous ne pouvons pas nous empêcher de regretter l’absence des grains de folie qui rendaient les précédents albums tellement imparables. Nous nous en contenterons cette fois mais Mattias, Christer et Björn nous doivent une revanche rapidement.

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