ZEAL & ARDOR: Greif (METAL ALTERNATIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Comme il est difficile de se renouveler pour un artiste qui a l’impression de tourner en rond… Le problème pointait déjà sur l’album précédent. L’effet de surprise avait disparu, Zeal & Ardor cherchait de nouvelles couleurs musicales pour étoffer son metal avant-gardiste, et le résultat était somme toute plutôt convaincant. Pour ce nouvel album, Manuel Cagneux a décidé d’ouvrir en grand les portes du projet. D’une part en invitant tout le groupe à participer aux compositions, ce que le multi-instrumentiste n’a jamais fait auparavant, et d’autre part en incluant à sa musique beaucoup d’autres influences que le black metal et les negro spirituals des débuts. Résultat ? “Greif” est un album tellement éclectique qu’il en est passablement frustrant.

Alors, est-ce que tout a changé dans la musique des Suisses ? Non, et heureusement. Les fans de la première heure pourront se raccrocher à quelques titres leur rappelant "Devil Is Fine" (‘Hide In Shade’) et "Stranger Fruit" (‘Go Home My Friend’), mais dans l’ensemble, la musique de Zeal & Ardor s’est passablement assagie, nous infligeant parfois des morceaux sans réelle dynamique (‘Clawing Out’, ‘Disease’).

Certes, les thématiques chères à Manuel Cagneux restent bien ancrées dans l’ambiance générale de “Greif” : la résistance à l’oppression, la lutte des classes ... Mais la symbolique du Griffon, créature mythique, hybride de lion, d’oiseau et de serpent, et effigie de la ville de Bâle, qui donne son titre à l’album, a beaucoup moins de portée que la lutte des esclaves afro-américains. Et tout l’album s’en ressent, si bien que Zeal & Ardor lui-même ne semble pas savoir vraiment comment faire le lien entre les titres.

Dès lors, les morceaux (tous assez courts) s’enchainent sans réel fil conducteur, laissant apparaitre des influences souvent bien trop visibles : Tool (‘Kilonova’), le desert rock à la manière de Queen Of The Stone Age (‘Thrill’, ‘Sugarcoat’), et même l’electro synthwave à la Kavinsky avec le très anachronique ‘Une Ville Vide’ qui semble réellement sortir de nulle part.

En soi, “Greif” n’est pas un mauvais album, et certains titres comme ‘The Bird, The Lion And The Wildkin’ et ‘Fend You Off’ sont là pour nous rappeler à quel point Zeal & Ardor est devenu une référence dans le style metal d’avant-garde. Mais, à trop vouloir diversifier leur musique, les Suisses nous laissent sur notre faim, frustrés par un opus qui a tout d’un album de transition, mais rien de l’album que nous sommes en droit d’attendre de la part d’un groupe qui avait su susciter autant d’intérêt ces dernières années.

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